Quand les larmes ne sont plus salées, c'est qu'on ne peut leur attribuer un autre goût appartenant ou pas à la palette gustative. Connues pour être inodores, les larmes qui coulèrent le jour où on annonça la disparition de José Nawej sentaient en effet l'odeur de la tristesse mêlée d'angoisse.
Dans un euphémisme qui cachait mal le contenu lugubre du message, Joséphine Gibemba, doctorante à Shanghai Medias Science University, voulait tout simplement adoucir le choc qui aurait pu être fatal à ceux qui savouraient la plume de l'illustre disparu.
D'abord, j'ai cru que cette phrase : "José Nawej n'est plus" était incomplète et qu'elle voulait plutôt dire que "Nawej n'était plus dans Forum des As".
Ce complément circonstanciel de lieu était la projection machinale de mon esprit, laissant lire à mes yeux le leurre mirage que moi seul pouvait voir. Ce fut au bout de quelques minutes que, finalement, les nuages se dissipèrent pour laisser place à la réalité que je ne voulais pas du tout admettre vraie.
Un homme que j'ai connu à travers ses éditos est parti sans que je n'aie eu la chance de le rencontrer. Moi qui espérais tant le voir que lui parler un jour en tête à tête dès mon retour à Kinshasa, me voici perdu dans le labyrinthe de mes espérances...
Où va le monde, plutôt où va le Congo ? J'ai eu du mal à croire à cet autre tournage du macabre film au sombre scénario, dont le titre ne peut être que "Juge Yanni 2", rappelant le désarroi collectif...
José Nawej savait qu'il y avait en Chine un lecteur du quotidien, qui admirait sa plume...
José Nawej que tout amoureux des belles lettres aimait lire, nous manquera à jamais. Son style était d'une sobriété remarquable. Loin d'être des philippiques à la Démosthène, lui avait, j'ai comme l'impression, le satirisme doux qui n'enlevait pas à la raison son sens d'analyse.
Ce génie de la langue de Voltaire, dans une affirmation idyllique, se manifestait à travers ses écrits. Quel agencement !, quelle organisation phraséologique dans un cisèlement d'une précision chirurgicale ! Enfin, le tout pour le souci de la clarté expressive.
"Forum des As" ! Si l'univers de la presse écrite congolaise a inscrit le nom de Nawej au panthéon de l'éditorial, l'univers artistique, la peinture en particulier, pour laquelle il avait pour pinceau sa plume, pour peinture, ses lettres d'alphabet et pour palette, le papier journal, de telle sorte que ses réalisations devenaient des tableaux chefs d'oeuvre picturales !
Alonga J. Théodore
Peintre congolais en Chine / article paru chez Forum des As, mercredi 8 novembre 2O23
José Nawej et sa biographie
José Nawej Mudang a fait ses premiers pas scolaires à l'école primaire Mavuno, une école conventionnée méthodiste située dans la ville de Likasi, ex-Jadotville, dans le Haut-Katanga, ville où il a vu le jour un certain 17 février 1964.
Six ans après ses études primaires, il a intégré, toujours à Likasi, l'école secondaire Mapinduzi.
Fort de son diplôme d'Etat obtenu 6 autres années plus tard, il viendra à Kinshasa s'inscrire à l'ISTI, Institut des Sciences et Techniques de l'Information, actuel IFASIC, d'où il sortira licencié en Relations Publiques.
Sur le plan professionnel, José Nawej a commencé son parcours comme reporter au sein de l'hebdomadaire Nzoi, de 1990 à 1992. De 1992 à 1993, il est Chef de la rubrique Politique étrangère au sein du journal Forum des As où il deviendra Rédacteur en Chef de 1994 à 2001. De 2001 à 2003, il est élevé aux grade et fonction de Directeur de Publication. C'est à partir de 2003 qu'il sera nommé Editeur délégué par le patron du journal, Monsieur Bovary Bongo, poste qu'il a conservé jusqu'au 28 octobre 2023, date de son indésirable disparition.
Au-delà de tout ça, José Nawej, faut-il le mettre en exergue, est aussi passé par le journal Salongo d'heureuse mémoire.
Alors Rédacteur en Chef, José Nawej a été expert en communication, en 1995, aux états généraux de la communication et, en 2000, lors des états généraux du Portefeuille. Il a, en 2001, fait la couverture des travaux du dialogue intercongolais à Sun City, en Afrique du Sud.
Il est en 2004 expert durant les travaux d'élaboration de la Loi portant sur la Haute Autorité des Médias.
En 2013, il prend part au séminaire destiné aux journalistes des pays africains francophones qui eut lieu à Pékin, en Chine.
En 2015, il participe aux assises de la presse africaine à Marakech, au Maroc.
En juin 2017, il est parmi les participants aux assises Chine-Afrique d'Addis-Abeba.
En janvier 2022, il est membre du comité de suivi des états généraux de la communication et des médias.
En novembre de la même année, il est participant, en Corée du Sud, à la formation sur le renforcement des capacités pour le suivi des médias de communication politique en RDC.
En juillet 2023, il participe au sommet économique et humanitaire Russie-Afrique.
Parmi d'autres pays qu'il a visités, au-delà de ceux qui sont ci-haut évoqués, il y a lieu de citer l'Allemagne, le Botswana, le Burundi, le Rwanda...