N'DJAMENA — L'économie du Tchad est confrontée à de multiples défis souvent interdépendants qui ont ralenti ou compromis sa croissance selon le dernier Mémorandum économique du Tchad (CEM) intitulé « Stimuler la croissance et réduire la vulnérabilité » publié par la Banque mondiale.
Par ailleurs, jusqu'à 3,34 millions de personnes supplémentaires au Tchad pourraient basculer dans la pauvreté d'ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique, si des mesures urgentes en matière d'adaptation ne sont pas mises en place, estime l'institution dans le rapport national sur le climat et le développement (CCDR) pour les pays du G5 Sahel : Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad. Ces deux rapports seront présentés respectivement les 13 et 14 novembre 2023 lors d'un évènement auquel participeront des représentants du Gouvernement, du secteur privé, de la société civile et du monde universitaire.
Le Mémorandum économique identifie l'insécurité, la dépendance excessive à l'égard des recettes pétrolières et l'incapacité à utiliser ces recettes pour une croissance économique forte et soutenue, le changement et le dérèglement climatiques, la faiblesse de la gestion des finances publiques et de l'environnement des affaires, ainsi que l'insuffisance du capital physique et humain, comme étant les principaux obstacles à la croissance du pays. L'insécurité en augmentation à l'intérieur du Tchad et dans les pays voisins, constitue également un facteur important de volatilité de la croissance à court terme.
«Le Tchad gagnerait à urgemment mettre en oeuvre des réformes fortes dans différents secteurs, y compris ceux du pétrole, des infrastructures, de l'éducation et de l'emploi, ainsi qu'à renforcer la sécurité et la résilience au changement climatique, afin d'enclencher les transformations structurelles qui permettront la transition économique du pays,» estime Fulbert Tchana Tchana, économiste en chef et coordonnateur du programme croissance inclusive, finance et institution pour les pays du Sahel central.
Selon le rapport CCDR, les émissions combinées des pays du G5 Sahel ne dépassent pas 1% des émissions globales de gaz à effet de serre, mais il s'agit des pays parmi les plus vulnérables au changement climatique dans le monde. Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l'Accord de Paris ainsi que les estimations du CCDR indiquent que les besoins de financement des pays du G5 Sahel en matière d'action climatique se chiffrent à plus de $30 milliards. Si aucune mesure n'est prise - à travers les six canaux d'impact identifiés dans la modélisation de l'analyse d'impact sur la croissance, le PIB annuel du Tchad pourrait diminuer de 4,2% à 10.5% du fait du changement climatique, respectivement selon les scénarios humides et secs.
« La présentation de ces deux rapports tombe à point nommé à un moment où l'économie du Tchad a plus que besoin d'être accompagnée dans ses efforts vers la diversification pour mieux résister aux chocs », explique Rasit Pertev, Représentant résident de la Banque mondiale pour le Tchad.