Lomé — L'Église au Togo est née des efforts des missionnaires de deux pays rivaux, l'Allemagne wilhelminienne et la France de la Troisième République, à la suite des événements historiques de l'Europe et de ses colonies africaines au tournant de la Première Guerre mondiale. C'est sur ces origines que nous posons la première question à Benoît Comlan Messan Alowonou, évêque de Kpalimé, président de la Conférence épiscopale togolaise, qui a accordé un entretien à l'Agence Fides.
Le Togo, colonie allemande jusqu'à la Première Guerre mondiale, a été placé sous mandat français par la Société des Nations de l'époque. Ce fait historique a-t-il eu un impact sur la vie de l'Église locale ?
L'Église du Togo a une histoire particulière, car elle a été fondée par les missionnaires allemands de Verbite, qui ont dû quitter le pays à cause de la Première Guerre mondiale. Plus tard, des missionnaires français de la Société des Missions Africaines (SMA) sont arrivés. Entre le départ des missionnaires allemands et l'arrivée des missionnaires français, la communauté catholique s'est retrouvée sans prêtres. Les Verbites avaient cependant formé des catéchistes. Ce sont eux qui ont gardé la lumière de la foi avant l'arrivée des missionnaires de la SMA.
Il s'agit donc d'un héritage important. Quelle est la situation de l'Église au Togo aujourd'hui ?
Aujourd'hui, nous remercions le Seigneur pour les nombreuses vocations sacerdotales, missionnaires et religieuses que nous avons. Dans cette situation de grâce, nous avons cependant le problème d'assurer la formation des futurs prêtres et religieux. Une formation non seulement théologique et doctrinale, mais aussi sociale. En Afrique aussi, nous ressentons la question de la relation entre l'Église et la société civile, qui est en constante évolution.
A cet égard, on apprend ces dernières semaines la publication de la Bible en langue Ewé.
La langue Ewé a été reconnue comme langue officielle de l'Église par le Département des Missions et nous avons donc traduit toute la Bible dans cette langue. Jusqu'à présent, nous utilisions le texte de la Bible traduit en Ewé par nos frères de l'Eglise presbytérienne.
Au Togo aussi, des groupes terroristes du Burkina Faso exercent une pression. Cette menace vous inquiète-t-elle ?
Je dois dire que nous sommes inquiets car les terroristes sont à la porte du Togo depuis quelques années. Mais en tout cas, nous gardons la foi et l'espérance et surtout la croix qui est notre "arme d'amour". Je voudrais aussi remercier la Caritas qui est venue en aide à nos frères et sœurs de la région nord de la savane qui souffrent de l'instabilité causée par ces terroristes pour la récente initiative (voir Fides 6/10/2023) de pacification de la zone frontalière avec le Burkina Faso et le Bénin.