Liberia: Présidentielle - Entre George Weah et Joseph Boakai, le second tour s'annonce serré

Les Libériens devraient voter aux élections présidentielles et législatives le 10 octobre 2023.

Près de 2,4 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce mardi, pour le second tour de la présidentielle. Le président sortant, Georges Weah, brigue un second mandat. Face à lui, un routier de la politique libérienne : Joseph Boakai. Même scénario qu'au second tour de la présidentielle de 2017. Mais depuis, le contexte et les deux personnages ont changé. Et les résultats du premier tour du 10 octobre dernier étaient serrés.

Au premier tour, Georges Weah était en tête du scrutin avec 7 000 voix de plus que son challenger. À 57 ans, l'ancien Ballon d'or promet de poursuivre sa politique : gratuité de l'enseignement, développer les infrastructures, améliorer le système de santé... Au premier tour, Weah a notamment bénéficié d'un soutien important des électeurs dans les comtés du sud du pays. Pour le second tour, il mise entre autres sur l'influence de plusieurs sénateurs élus le 10 octobre dernier.

De son côté, Joseph Boakai, 78 ans, joue sa dernière carte. Il connaît bien l'appareil d'État car il a été vice-président pendant 12 ans. Son alliance avec l'ancien chef de guerre Prince Johnson, une personnalité controversée et redoutée, lui a permis de cumuler de nombreuses voix dans le comté de Nimba, une zone fortement peuplée, dans le nord.

Sur le fond, Joseph Boakai promet de « sauver le pays », en mettant fin, assure-t-il, à la mauvaise gouvernance. « Joseph Boakai a surtout bénéficié du vote des électeurs frustrés et en colère contre le système actuel », estime un connaisseur de la vie politique libérienne.

Deux facteurs pourraient avoir une incidence sur ce scrutin : la participation des électeurs. Et le choix des quelque 114 000 voix invalidées au premier tour, en raison d'une erreur sur leur bulletin de vote.

Un défi logistique pour la Commission nationale des élections Ces élections sont les premières que le pays organise seul, suite au départ, en 2018, des forces de maintien de la paix des Nations unies (la Minul). Ainsi, lors de la dernière présidentielle, en 2017, la Commission nationale des élections avait bénéficié du soutien logistique et financier de la Minul dans l'organisation du scrutin ce qui n'est pas le cas de cette année.

Pour la NEC, la Commission nationale des élections, l'enjeu est d'abord logistique. Au premier tour, aucun dysfonctionnement majeur n'avait été décelé le jour du vote. Les pluies étant moins fréquentes, l'acheminement du matériel électoral a pu être mené dans de meilleures conditions.

Les partis politiques ont ces derniers jours, ponctuellement exprimé leurs doutes concernant la transparence du scrutin. Samedi, un informaticien ghanéen, soupçonné de monter une application parallèle de collecte des résultats, a été expulsé par les autorités. Lors de la compilation des résultats au premier tour, la Commission nationale des élections avait annoncé l'arrestation de cinq agents électoraux accusés de tentative de fraudes. Ces personnes ont été remplacées et sont poursuivies par la justice, assure la présidente de la NEC, qui affirme que des dispositions ont été prises pour éviter que cet incident ne se reproduise.

Cette élection est suivie de près par les observateurs internationaux, présent en nombre dans le pays. Dans un contexte sous-régional marqué par une succession de coups d'État, tout l'enjeu, est de « s'assurer que le scrutin est transparent, accepté de tous, politiques et citoyens », indique un observateur de la Cédéao.

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