A la recherche de lendemains meilleurs, beaucoup de jeunes Africains périssent sur les routes de l'émigration. Malheureusement, ni la mort, ni les maltraitances ni les pratiques esclavagistes à l'encontre des migrants africains ou encore les différentes actions entreprises par les différents gouvernements africains et occidentaux à l'effet de stopper ou dans une moindre mesure de réduire le phénomène, ne découragent les candidats.
Ils s'adaptent à la situation et se montrent de plus en plus ingénieux en développant des stratégies pour atteindre leurs objectifs : l'eldorado européen. Mais comment convaincre ces jeunes bien souvent désoeuvrés et sans perspectives, de rester au pays ? En effet, des télévisions aux réseaux sociaux, de jeunes Africains sont submergés par des images et des contenus qui montrent que de l'autre côté de la mer, tout est rose.
Difficile donc de convaincre le jeune Africain que l'Occident n'est pas forcément la solution. Le Sénégal, pays de la Teranga, est particulièrement touché par le fléau. En effet, depuis la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et l'Espagne après des mois de discorde sur la question du Sahara occidental, la surveillance des côtes frontalières s'est accrue entre les deux pays, laissant peu de chances aux migrants qui passaient par le Royaume chérifien pour rejoindre l'Europe. Voyant ainsi leurs chances réduites, les migrants sénégalais ne vont pas désespérer pour autant.
On peut se demander si ce n'est pas un calcul politicien
En juillet dernier, 300 personnes réparties sur trois embarcations, étaient portées disparues en mer. A Saint- Louis, le 12 juillet dernier, 14 personnes sont mortes dans un naufrage. Entre août et septembre 2023, 1 115 candidats à l'exil ont fait l'objet de sauvetage de la part des autorités sénégalaises. Ce macabre bilan est interpellateur. C'est ce qui a poussé le président sénégalais, Macky Sall, à appeler son gouvernement à prendre des « mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d'urgence afin de neutraliser les départs des migrants à partir du territoire national. »
Une bonne décision s'il en est. Mais face à une telle annonce d'un président en fin de mandat, on est tenté de se demander si ce n'est pas un simple effet d'annonce ou une annonce sans effet. En effet, au regard de la situation politique du Sénégal, il n'est pas exclu que cette sortie participe d'un simple calcul politicien. Mais attendons de voir quelle suite sera donnée à cette affaire.
Toujours est-il que cette prise de conscience de Macky Sall, si elle est accompagnée d'actions fortes, pourrait réduire considérablement les pertes en vies humaines en mer. Il est bon de rappeler que l'appel du Président s'inscrit dans le cadre d'une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, adoptée par le Sénégal en juillet dernier.
Cette stratégie se décline à plusieurs niveaux que sont : la prévention, la gestion des frontières, les mesures de répression, les mesures d'aides, d'assistance et de protection, le retour et la réinsertion des migrants. En tout cas, tout le mal que l'on souhaite au Sénégal, c'est de réussir à juguler ce fléau pour le grand bonheur de la jeunesse sénégalaise.