Ile Maurice: Suella Braverman - Moitié mauricienne totalement limogée

14 Novembre 2023

Elle avait pris ses fonctions comme Home Secretary, le 25 octobre 2022, au sein du gouvernement conservateur du Premier ministre, Rishi Sunak. Comme il fallait s'y attendre, surtout venant d'un gouvernement de droite, le poste de ministre de l'Intérieur allait être occupé par un tough on crime et surtout un tough on immigration. Ce que Suella Braverman a pratiqué, même si elle est elle-même issue de parents immigrés, sa mère, Uma Mootien-Pillay, étant d'origine mauricienne.

Elle se voulait être la «Dame de Fer» contre les migrants et boat people traversant la Manche, pour prévenir, selon elle, une «invasion» ou un «ouragan migratoire». Elle avait soutenu l'accord passé entre son prédécesseur Priti Patel et le gouvernement du Rwanda, dans lequel selon l'accord de Kigali, le régime du Rwanda acceptait de recevoir les migrants illégaux. Suella Braverman, toujours dans l'optique de plaire aux électeurs de droite, avait commis une autre gaffe en déclarant que certains sans-abri vivent dans la rue par «lifestyle choice». Pour elle, donc, vivre sous une tente dans la rue, même pendant l'hiver rigoureux londonien, serait une nouvelle mode...

Mais ce sont les marches pro-palestiniennes en Angleterre qui auraient davantage déchaîné les passions de Braverman. Et la tribune qu'elle a écrite dans le Times du 9 novembre et dans laquelle elle reprochait à sa propre police - bien que contrairement à ce qui se passe à Maurice, elle ne décide pas pour le commissaire de police - d'avoir premièrement autorisé la marche du 4 novembre et deuxièmement, de s'être montrée partiale, sans dire si c'était envers les manifestants pro-palestiniens ou à l'égard des contre-manifestants d'extrême droite.

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Cependant, quand on se souvient qu'elle avait qualifié la marche pro-palestinienne de «marche de la haine» et évoqué les sentiments antisémites douloureux, tout le monde, y compris les bobbies, a compris que Braverman leur reprochait d'avoir été plutôt tendres envers les pro-Palestiniens. Mais officiellement, on l'accuse d'avoir attisé cette «haine». Cette tribune qu'elle a adressée au Times n'aurait pas tenu compte de toutes les modérations faites par le 10, Downing Street.

De ministre à députée

Certains pensent qu'en mettant la barre à droite, Suella Braverman a voulu plaire à la majorité dite silencieuse et ainsi conquérir le pouvoir. Comme ce fut le cas avec Nicolas Sarkozy, par exemple, qui a été un ministre de l'Intérieur «dur» avant de devenir président de la République. Or, Suella Braverman n'a pas semblé réaliser que le danger venait de la gauche, du Parti travailliste, et que le Premier ministre Rishi Sunak ne voulait pas se voir déborder à gauche. D'autres prétendent qu'en fait Rishi Sunak voyait en Braverman une menace. Comme Jacques Chirac l'aurait ressenti avec son remuant ministre de l'Intérieur ?

Pour rappel, le leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval, avait rencontré Suella Braverman à Leicester, le 8 septembre, et au cours de cette réunion, elle avait parlé du «dilemme auquel doivent faire face certains pays comme le Royaume-Uni ou l'île Maurice : qu'est-ce qui fait que l'on doit recourir aux travailleurs étrangers alors que le pays hôte a ses propres chômeurs (NdlR, 1,4 million au Royaume-Uni) ?» se demandait-elle. La voilà désormais rétrogradée comme simple députée. Mais elle prévient déjà : «J'en dirai plus le moment venu.»

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