Rabat — Le diabète chez l'enfant est en constante augmentation, alors que la phytothérapie s'est avérée moins efficace, ont averti des spécialistes, qui font état d'une augmentation significative de cette pathologie ces derniers temps au Maroc.
"La phytothérapie tient toujours une place importante dans la société marocaine et fait partie de l'arsenal thérapeutique national, notamment les diabétiques. Mais l'efficacité des herbes médicinales dans le traitement et le contrôle de la glycémie n'a pas été prouvée scientifiquement ou pratiquement", a expliqué Asmae Zriouel, nutritionniste à Rabat.
Rappelant que les experts mettent en garde régulièrement contre les dangers du recours à la phytothérapie sans diagnostic et dépistage de la maladie, elle a souligné que cette pratique peut entraîner des complications majeures, compte tenu de leurs effets indésirables.
Dans une déclaration à la MAP, à l'occasion de la Journée mondiale du diabète (14 novembre), Mme Zriouel a confirmé que le recours à la phytothérapie et la négligence des prescriptions dans le traitement pour les diabétiques entraîne de graves complications.
L'utilisation courante de certaines herbes comme la cannelle et le fenugrec peut conduire à la destruction des cellules, a-t-elle averti, estimant que le recours irréfléchi à la phytothérapie peut compromettre les chances d'un traitement précoce de la maladie.
Ceci est d'autant plus vrai pour le diabète chez les enfants, a de son côté relevé l'endocrinologue Samira Bichri, qui fait état d'une "augmentation significative" de cette pathologie ces derniers temps au Maroc.
Mme Bichri a attribué les causes du diabète de type II, en particulier chez les enfants, à des facteurs génétiques en premier lieu et à l'excès de poids, ainsi qu'à une augmentation du tissu adipeux autour de l'abdomen, ce qui augmente la résistance de l'organisme à l'insuline.
Elle a assuré que le manque de mouvement, en raison de l'utilisation des moyens de transports et du temps passé derrière des écrans ou des jeux électroniques, couplé à une alimentation déséquilibrée due à la consommation excessive des viandes rouges, des boissons gazeuses et autres sucreries "augmente sensiblement le risque de diabète chez les enfants".
La praticienne a fait observer que les principaux symptômes du diabète de type 1 chez les enfants se manifestent par un désir constant de boire de l'eau, une miction excessive et parfois une incontinence urinaire, ainsi qu'une perte de poids involontaire, des problèmes de vision et une sensation de malaise et d'épuisement.
Placé sous le signe "'accès aux soins du diabète"', la Journée mondiale du diabète 2021-2023 appelle à la nécessité de prodiguer des soins continus et spécialisés pour gérer l'état de santé des diabétiques et de fournir un accès égal de tous au diagnostic, aux médicaments, aux moniteurs et à la mesure du diabète.
Au Maroc, le ministère de la Santé et de la protection sociale a fait du diabète l'une des priorités dans le Plan Santé 2025 et dans la Stratégie nationale de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles 2019-2029, en s'appuyant sur une méthodologie multisectorielle.
Reconnaissant l'importance de la prévention et du contrôle du diabète, le ministère s'applique à investir dans les soins et encourage la prévention et le dépistage précoce, tout en appuyant la recherche et le développement dans le domaine du traitement de la maladie.
Selon l'Enquête nationale sur les maladies non transmissibles 2018, le nombre de diabétiques adultes est estimé à 2,7 millions, dont 49 % ne connaissent pas la maladie et environ 20 000 enfants sont atteints de diabète.
Les chiffres récents de L'OMS, estiment que 24 millions de personnes vivaient avec le diabète en Afrique en 2021, et que ce chiffre devrait augmenter de 129 % pour atteindre 55 millions en 2045.
Le diabète est une cause majeure de cécité, d'insuffisance rénale, de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral et d'amputation des membres inférieurs.
Entre 2000 et 2019, les taux de mortalité liés au diabète ont augmenté significativement. Le taux a augmenté plus rapidement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire pour atteindre 13%, contre 3% dans les pays à revenu élevé.