« Cette rencontre vise à mobiliser le Secteur privé national et international pour le financement des actions d'atténuation et d'adaptation des chocs, catastrophes et crises climatiques au Sénégal », a déclaré Mamadou Moustapha Ba, Ministre des Finances et du Budget. C'était lors du forum de haut niveau sur le financement de l'action climatique au Sénégal qui s'est tenu à Dakar sous le thème : "Accroître le financement de la lutte contre le changement climatique", en présence du Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), M. Bo Li.
Selon ce dernier, le Sénégal a des cycles d'objectifs ambitieux dans le cadre de sa contribution au niveau national afin de recueillir les émissions de gaz à effet de serre, et de mettre en œuvre des infrastructures pour atténuer le changement climatique.
En effet, le besoin de financement est estimé à 13 milliards de F CFA, ainsi les priorités à l'avenir seront de renforcer le cadre institutionnel qui sous-tend à une réponse cohérente au changement climatique, et intégrer la motivation climatique dans l'élaboration, l'exécution et le contrôle budgétaire, affirme M. Bo Li.
A l'en croire, le financement nécessaire pour atteindre cette vision est considérable, dès lors, aucune institution à elle seule ne peut gérer les financements à l'échelle requise. Il s'y ajoute qu'il est important de travailler ensemble afin de mobiliser les financements climatiques à des besoins supplémentaires.
Par conséquent, le Ministre des finances et du Budget indique qu'avec une contribution d'environ 3% dans le changement climatique, l'Afrique subit de plein fouet les effets du phénomène. Le Sénégal n'est pas épargné, avec la fréquence des sécheresses, l'érosion côtière, la perte de biodiversité et la dégradation des sols, mais surtout la recrudescence des événements extrêmes, notamment les vagues de chaleurs et les inondations, poursuit-il.
Par ailleurs, l'agriculture, l'élevage, la pêche, les infrastructures et le tourisme qui constituent les secteurs clés de l'économie sénégalaise sont fortement touchés par les impacts du changement climatique.
A cet effet, l'identification et l'évaluation des causes et des impacts du changement climatique ainsi que leur financement ont été des préoccupations majeures des initiatives nationales visant à réduire ses effets comme l'empreinte carbone de l'économie sénégalaise. Afin de faire face à ce défi, M. Ba assure que le Sénégal s'est doté d'une vision, ainsi qu'il suit : « Un Sénégal résilient, responsable et ambitieux dans le mouvement mondial vers le net zéro ».
Dans la même foulée, l'argentier de l'Etat indique les quatre axes stratégiques identifiés pour la mise en œuvre de cette vision, à savoir : la mise en place de mécanismes facilitant et optimisant le financement public de l'adaptation au changement climatique et à son atténuation, le développement de la finance climatique et des financements durables dans le secteur financier pour assurer la résilience et l'innovation en faveur de l'atténuation au sein du secteur privé, l'intégration des considérations environnementales dans la politique économique et enfin la collaboration avec les partenaires techniques et financiers dans la mise en œuvre et le financement de la stratégie.
Assurément, M. Ba a ainsi décliné les objectifs poursuivis qui visent à gérer l'économie et les finances publiques en s'adaptant aux effets du changement climatique par une planification rigoureuse des investissements publics et privés. A cela s'ajoute la mobilisation de toutes les ressources propres, les financements innovants et les ressources multilatérales et bilatérales pour une stratégie climatique responsable et durable.
S'agissant de la politique d'allocation budgétaire sensible au changement climatique, le Ministre affirme qu'un besoin de près de 100 milliards F CFA est nécessaire pour les projets d'atténuation et/ou d'adaptation dans les secteurs de l'Elevage, l'Environnement, la Pêche, l'Agriculture et du Transport (Transport en Commun, les Projets Bus Rapid Transit et le Train Express Régional).
Le Ministre d'annoncer que relativement à la gestion des risques budgétaires liés au climat, le budget de l'État pour 2024 s'est doté spécifiquement de 30,76 milliards de F CFA de « provisions pour risques budgétaires » et d'un Fonds de Calamité d'un montant de 1,02 milliards de francs CFA.
Dans ce même sillage, il rappelle que le Sénégal est membre de l'African Risk and Capacity (ARC) depuis 2012 et a bénéficié d'un décaissement en 2014 dans le cadre de la souscription à la Police sécheresse. Le pays expérimente depuis 2019 également le Programme Replica et a bénéficié en 2022 d'une mise en place d'une couverture contre les impacts des pandémies. En perspective, le périmètre de la couverture des risques sera élargi avec la prise en compte des inondations.
Une collaboration avec les partenaires techniques et financiers est fondamentale
En effet, M. Ba insiste sur le besoin de financement qui est un des défis majeurs à relever pour que le Sénégal réussisse sa politique climatique dans les prochaines années. Récemment, le 22 juin 2023, le pays s'est engagé dans une dynamique de verdissement de son économie avec l'appui du groupe des partenaires internationaux.
Ainsi, dès 2023, assure-t-il, le Sénégal a entamé la mobilisation de 2,5 milliards d'euros de financement pour une période initiale de 3 à 5 ans, dans le cadre du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP). Ce partenariat permettra l'accélération du déploiement des énergies renouvelables et la publication à la COP28 d'une stratégie long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre.
Au-delà du partenariat sur le JETP, M. Ba indique qu'en mai 2023, les autorités du Sénégal et le FMI sont parvenus à un accord de financement du Fond au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). Ainsi, cet accord prévoit de soutenir les objectifs nationaux d'atténuation du changement climatique, d'accélérer l'adaptation du Sénégal au changement climatique et d'intégrer des considérations relatives au changement climatique dans le processus budgétaire.
Ces quelques actions montrent à quel point le Sénégal s'est résolument inscrit dans la démarche de prise en compte du changement climatique dans les politiques de développement.
Ces efforts risquent, cependant, d'être compromis par un manque de financement qui d'ailleurs, selon le Ministre, entravera la mise en œuvre de l'action climat.