Après des semaines de tergiversations, la fédération érythréenne de football (FENF) a acté sa non-participation aux éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Le communiqué conjoint FIFA-CAF annonçant la nouvelle est tombé le 10 novembre 2023. Soit six jours avant l'entrée en lice des Red Sea Boys, surnom de la sélection nationale d'Érythrée, contre le Maroc.
"La FIFA et la CAF confirment que la Fédération érythréenne de Football s'est retirée de la compétition préliminaire de la Coupe du monde de la FIFA 2026. Tous les matches de l'équipe d'Érythrée ont été annulés et le calendrier des rencontres pour les autres équipes reste inchangé", ont indiqué les deux instances du football.
Conséquence de ce retrait : le groupe E des qualifications au Mondial sera disputé par cinq équipes, dont le Maroc, la Zambie, le Congo, la Tanzanie et le Niger. Contre six pour le reste des prétendants africains à la participation à la compétition prévue aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
Un forfait par crainte de fuite ?
Aucun motif n'a été officiellement donné quant à ce forfait consécutif à celui de l'année dernière concernant les éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2023. Le Guardian évoque cependant une décision prise par l'État afin de parer à d'éventuelles défections au sein de l'équipe durant les qualifications.
Le site d'information Africa Intelligence rapportait le 7 novembre dernier, des tensions entre la Fédération et le gouvernement sur la participation de l'équipe nationale à ces éliminatoires. Ce dernier y était contre selon le média, par crainte de voir certains joueurs profiter de l'occasion pour fuir à l'étranger.
Il s'agit d'une pratique courante concernant l'Érythrée, pays situé dans la Corne de l'Afrique et dirigé depuis plus de 20 ans par le régime d'Isaias Afwerki, régulièrement décrié par Amnesty International et Human Rights Watch pour ses "méthodes autoritaires".
Un football à la dérive
Plusieurs dizaines d'athlètes érythréens, tous sports confondus, ont ainsi pris la poudre d'escampette ces dernières années en marge des compétitions internationales en Angola, au Kenya, en Ouganda, etc., afin de demander l'asile politique.
Ce besoin d'Afwerki de préserver l'image de son régime n'est pas sans conséquence pour la compétitivité du football érythréen. Les Red Sea Boys, par ailleurs dépourvus de stades aux normes internationales, sont exclus du classement FIFA pour n'avoir pas disputé le moindre match au cours des 48 derniers mois.
"Les supporters érythréens devront encore attendre quelques années avant de voir leur équipe nationale rejouer en compétition officielle, en raison de la mauvaise gestion du régime érythréen", regrette Daniel Solomon, fondateur du site Internet Eritrean Football, au Guardian, alors que l'Afrique de l'Est doit accueillir une CAN historique en 2027.