Sénégal: Un réseau citoyen se mobilise contre la pollution des eaux au large de Dakar

À Dakar, la qualité de l'eau autour de la presqu'île est scrutée par la société civile. Face au rejet des eaux usées dans l'océan et à l'urbanisation incontrôlée de la capitale, un réseau citoyen de suivi de la qualité des sites de baignades et spots de surfs dakarois a été lancé le 9 novembre 2023 par la Surfrider foundation Sénégal. Reportage.

Au large, des surfeurs prennent de grosses vagues qui s'échouent sur la plage du Virage. Sur la rive, Carine Loret, résidente à Dakar, est inquiète de la qualité de l'eau dans laquelle elle a l'habitude de se baigner : « On voit effectivement des bouches d'égout parfois. Donc, on se demande s'il n'y a pas des déversements quelconques, il y a des plages sur lesquelles on ne va plus. »

Grâce à un réseau citoyen qui vient d'être lancé, plus de 130 prélèvements vont être réalisés deux fois par mois sur six plages de la capitale, ils seront ensuite analysés. Assane Seck, ancien chef des maîtres-nageurs de la plage de Ngor, se félicite de voir pour la première fois une étude de long terme sur la qualité de l'eau : « Il y a des moments, quand on sort de l'eau, on a des démangeaisons... mais les inquiétudes par rapport à la qualité de l'eau, c'est une question que les baigneurs ne se posaient pas parce que c'était (un problème) qu'ils ignoraient. »

Le projet vise aussi à sensibiliser les usagers et à définir un cadre de concertation avec les autorités afin d'agir sur la réduction de la pollution des eaux. Babacar Thiaw est le président de la Surfrider foundation Sénégal, à l'initiative du projet : « Après, c'est au gouvernement de nous accompagner par une réglementation efficace, et de nous donner des moyens techniques qui nous permettront de traiter cette eau-là avant de la relâcher dans la mer. »

Les résultats seront publiés de façon régulière jusqu'à la fin de la première phase en juin 2024.

Il y a eu une étude préliminaire qui a été réalisée notamment par l'équipe de Surfrider, et qui a confié à un laboratoire privé de microbiologie l'analyse des échantillons, et cette analyse permet d'avoir une vue d'ensemble des bactéries qui circulent dans les eaux. On trouve des Escherichia coli, on trouve des entérocoques, qui sont en fait des bactéries qui se retrouvent dans les contaminations fécales, souvent associées avec les égouts. Ce n'est pas suffisant le fait qu'elles soient là pour qu'on soit malades, mais c'est un signe de mauvais état des eaux. Cette première analyse a créé le point de départ : on va pouvoir mesurer au cours du temps la quantité et la virulence des bactéries qui se trouvent dans l'eau, c'est-à-dire qu'on va pouvoir suivre si d'une saison à l'autre, c'est la même bactérie qui se propage dans le site ou si elle a été apportée par un nouvel afflux de matière fécale. Et donc ça, ça va donner beaucoup d'informations sur où est-ce qu'on peut agir : au niveau des égouts, ou au niveau de la purification de l'eau ? C'est absolument fondamental pour pouvoir faire des contre-mesures de santé.

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