La Ghanéenne chef Coco qui était engagée dans la compétition culinaire du CANEX face à ses homologues Sénégalais et Nigérian, a été désignée vainqueur. C'était au terme d'une compétition dénommée « Jollof Wars » (Guerre autour du Jollof Rice, ndlr) qui traduisait le débat actuellement en cours entre pays qui se discutent les origines d'un plat devenu presque universel. Ce qui reflète la richesse du patrimoine culinaire africain.
(Envoyé spécial au Caire) - Les cuisines de la diaspora africaine ont été célébrées ce mardi 14 novembre 2023 dans le cadre du Sommet Nexus de l'Afrique créative (Canex) qui se tient en marge de la Foire commerciale intra-africaine 2023 qui prend fin ce mercredi 15 novembre au Caire, la capitale égyptienne.
A travers une compétition dénommée « Jollof Wars », trois pays dont le Sénégal, le Nigéria et le Ghana se sont illustrés à travers une démonstration culinaire pour montrer la diversité d'un plat mais aussi la richesse culinaire d'un continent.
Les challengeurs ont montré diverses versions d'un plat dont l'origine est au cœur d'un débat mais qui est retrouvé partout en Afrique et même sur des tables de grands restaurants établis à Atlanta, Boston, Londres…
Une manière de retracer le chemin du parcours alimentaire africain et de son impact sur la culture alimentaire dans les Caraïbes, les Amériques et dans le monde entier.
C'était sous la supervision de chefs en majorité des femmes venues de pays comme Ouganda, Zimbabwe, Éthiopie, Sierra Leone, Liberia, Gambie, Zimbabwe, Cameroun, les Caraïbes.
Avec la présence remarquée de chefs mondialement connus comme le Camerounais Christian Abegan et le Sénégalais Abdoulaye Tamsir Ndir qui ont fait le diner des ambassadeurs lors de la présente édition du Marché de la Zlecaf.
Ce chef sénégalais établi à Abidjan rejette toute idée de challenge et fait l'éloge d'un plat qui a voyagé à travers le monde. Il se dit surpris d'entendre que Jollof Rice est également cuisiné dans des pays comme le Zimbabwe ou l'Ouganda.
Pour chef Ndir, la cuisine apporte une certaine paix entre peuples africains mais aussi de l'amour.
A son avis, le « Jollof Wars » traduit une vision commune sur la gastronomie africaine dans toute sa diversité. D'après lui, la cuisine rassemble, unit et amène partout la culture africaine avec elle.
Dans cette dynamique, il estime que la gastronomie africaine doit jouer pleinement son rôle dans le commerce intra-africain en faisant la promotion des produits locaux, en revisitant certaines pratiques ancestrales avec les céréales locales.
Se félicitant de l'initiation d'une journée dédiée au « Jollof Rice », ces acteurs de la gastronomie africaine ont souligné l'impact de la cuisine dans nos sociétés.
Pour eux, la gastronomie est un vrai pouvoir qui peut aider le continent dans le futur. Ils prônent l'éducation des peuples sur ce patrimoine et la collaboration entre chefs africains.
Les talents culinaires de « Chef Oramah »
La compétition culinaire a été une opportunité pour découvrir les talents cachés du président de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank) principal initiateur des activités à travers le CANEX.
Le Pr Benedict Oramah s'est prêté au jeu en cuisinant à côté des chefs du jour. Un geste symbolique qui montre la place que les autorités africaines veulent donner à la gastronomie dans une volonté de développer les échanges intra-africains.
Pour le Pr Oramah, la gastronomie est le dernier maillon pour le contrôle de nos aliments. Ce qui, selon lui, nécessite la valorisation des productions locales et l'utilisation de l'alimentation pour célébrer l'Afrique, sa richesse culturelle et ses ressources.
Dans un contexte global marqué par la prolifération de maladies chroniques, estime-t-il, l'Afrique doit pouvoir contrôler son marché et éviter de reposer son alimentation sur des produits venus de l'extérieur.
A son avis, faire la promotion des aliments locaux permet de préserver le développement, l'environnement et la santé de nos populations.
Le patron d'Afreximbank a été rejoint dans cet exercice culinaire par l'acteur renommé Boris Kodjoe qui l'a assisté pour la préparation d'un plat africain.
D'après Boris Kodjoe, la nourriture est un conteur qui tisse les fils complexes de notre histoire et de nos cultures. A cet effet, il a préconisé une approche captivante pour mettre en exergue ses récits à travers un documentaire qui étudie l'impact profond de la nourriture sur nos histoires et nos cultures.
Les équipes d'Afreximbank estiment que l'alimentation, sous ses diverses formes et préparations, sert de porte d'entrée vers la compréhension du patrimoine humain partagé africain.
Des marchés animés de Marrakech aux marchés sereins aux poissons de la Barbade, font-ils savoir, chaque repas dévoile un conte unique, reflétant l'essence des communautés qui le préparent et le savourent.
Alors que les Africains se lancent dans cette exploration savoureuse, souligne M. Kodjoe, « nous devons tous anticiper le dévoilement des histoires racontées à travers la lentille de la gastronomie ».