Dakar — Le mouvement des Forces vives du Sénégal F24 déclare, dans un communiqué, vouloir s'associer aux démarches visant à emmener le président de la République, Macky Sall, à retirer le décret portant nomination des 12 nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA).
"Les conditions viennent d'être créées pour jeter un discrédit total sur la CENA. F24 s'associe à toutes les voix et démarches qui exigent le retrait de ce décret", soutient cette organisation constituée de partis politiques, d'organisations de la société civile et de syndicats de travailleurs.
"Par ce décret, le président [de la République] change les arbitres du jeu électoral [...] et montre à la face du monde que force doit rester à sa volonté", ajoute-t-elle.
Le mouvement des Forces vives du Sénégal F24 dénonce aussi le "non-respect des droits des candidats déclarés" à l'élection présidentielle.
"Les entraves aux activités de certains candidats de l'opposition mettent en péril l'équité du processus électoral, dès lors que seul le candidat du pouvoir [...] a la liberté entière de mener sa pré-campagne, sous le couvert de sa fonction et avec les moyens de l'État", fustige F24.
Le mouvement fait allusion à l'interdiction, par les autorités administratives, de plusieurs manifestations de candidats de l'opposition dans plusieurs villes du pays.
"F24 s'opposera à tous les artifices juridico-politiques visant à entraver l'éligibilité des candidats" faisant partie de ses leaders, poursuit le communiqué.
Les leaders du mouvement réclament aussi la libération de Cheikh Oumar Diagne, un militant de l'opposition, et de l'opposant Ousmane Sonko.
Ils estiment que MM. Diagne et Sonko "doivent être libérés immédiatement".
"Une élection présidentielle apaisée et inclusive"
"F24 soutient toute initiative pacifique allant dans le sens de la libération des détenus politiques, dont Aliou Sané son vice-coordonnateur", lit-on dans le communiqué.
Avant F24, le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) a demandé au président de la République, dans une déclaration, de retirer le décret portant nomination des 12 nouveaux membres de la CENA et de le remplacer par un autre, qi soit "conforme à nos lois et règlements".
D'un décret de nomination des membres de la CENA conforme à la loi "dépend substantiellement une élection présidentielle apaisée et inclusive, à laquelle nous restons fermement attachés", fait valoir le COSCE.
Il déclare dans un communiqué avoir relevé dans le décret en question "des violations manifestes de la loi", dont le "non-respect du mandat de six ans renouvelable par tiers, tous les trois ans", des membres de la commission électorale.
L'inspecteur général d'État Abdoulaye Sylla et le magistrat Ndary Touré, tous les deux à la retraite, ont été respectivement nommés président et vice-président de la CENA, vendredi 3 novembre.
Le même jour, le président de la République a désigné 10 autres membres de cette institution administrative électorale.
Honnêteté, neutralité et impartialité
Macky Sall a pris ces décisions quelques jours après que la CENA a invité la Direction générale des élections (DGE) à mettre à la disposition du mandataire de l'opposant Ousmane Sonko, "et dans les meilleurs délais", les outils dont il a besoin pour collecter les parrainages nécessaires à sa candidature à l'élection présidentielle du 25 février 2024.
La DGE soutient que le nom de M. Sonko ne figurant pas dans le fichier électoral, les outils de collecte des parrainages ne doivent pas être remis à son mandataire.
Le tribunal de grande instance de Ziguinchor (sud), statuant sur la radiation de l'opposant du fichier électoral, début octobre, l'a jugée illégale, l'a annulée et a ordonné sa réintégration.
La CENA assure le contrôle et la supervision des élections. Ses 12 nouveaux membres ont prêté serment, lundi 13 novembre.
Ils doivent être choisis parmi les personnalités indépendantes et connues pour leur rectitude morale, leur honnêteté, leur neutralité et leur impartialité, avant d'être nommés par le président de la République, argue le COSCE en rappelant une disposition de la loi.