Sénégal: Journée mondiale du diabète - Croisade contre une tueuse silencieuse

15 Novembre 2023

Le diabète est une maladie chronique qui se déclare lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d'insuline, ou lorsque l'organisme n'est pas capable d'utiliser efficacement l'insuline qu'il produit. Au Sénégal, cette maladie est devenue un problème de santé majeure de par son ampleur mais aussi sa diversité car touchant toutes les tranches d'âge. En cette journée mondiale de lutte contre cette maladie, célébrée hier, mardi 14 novembre, l'accent est mis sur l'accès au soin du diabète. Une célébration organisée au centre hospitalier Abass Ndao de Dakar.

D'après la dernière enquête nationale sur les maladies non transmissibles (Steps), 84,7% de la population ignorent leur statut glycémique. Parmi ceux qui ont subi une mesure de glycémie, 1,3% ont été diagnostiqué diabétique. Les diabétiques connus consultent à hauteur de 7,2% un praticien de la médecine traditionnelle ; parmi eux, près de 19% suit un traitement traditionnel ou à base d'herbes. Toutefois, il est rassurant de constater que les jeunes diabétiques (18-29 ans), pour la majorité insulinodépendants, consultent moins la médecine traditionnelle. Ces informations ressorties de l'enquête démontrent une fois de plus l'ampleur de cette maladie dont la progression est inquiétante.

Au centre de prise en charge anti diabète, Mark Sankalé, logé au niveau de l'hôpital Abass Ndao, 2500 nouveaux cas y sont déclarés par an. En cette journée mondiale du diabète, l'accent est mis, par les acteurs de la lutte, sur la prévention et une maîtrise de la maladie. Selon Dr Sokhna Awa Balla Sall, endocrinologue, diabétologue et nutritionniste, le diabète est une pathologie chronique. «Une fois qu'on pose le diagnostic, il est définitif. Les critères pour le faire, ont été bien définis par l'Organisation mondiale de la santé (Oms). Il s'agit de faire une glycémie à jeûne qui revient supérieur à 1,26 g par litre deux fois. Le deuxième de ces critères, c'est quand vous ressentez des signes du diabète à savoir vous urinez beaucoup, vous maigrissez, vous vous sentez fatigué ou vous faites une glycémie par hasard supérieur à 2,2 g par litre, entre autres», a-t-elle fait comprendre.

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Revenant sur le terme de trace de diabète après un examen, la spécialiste de la maladie parle de pré-diabète. «Il y a un terme beaucoup plus adapté. C'est pré-diabète, c'est un état qui prédispose la survenu d'un diabète. On parle de pré-diabète si vous faite une glycémie à jeûne et qu'elle revienne 1,10 à 1,26 g par litre. Dans ce cas, il vous faut consulter un médecin pour qu'il mette en place des mesures qui vont permettre de prévenir ou de retarder l'apparition de cette maladie».

Parlant des types de diabète, le docteur Ahmadou Fall Cissé en déduit plusieurs dont les types 1et 2 qui sont les plus connus, en plus de celui gestationnel. «De plus en plus, quand on entend parler de diabète, c'est les types 1 et 2. La différence qu'on peut amener entre ces deux diabètes, c'est que le type 1, il y a une destruction des cellules du pancréas qui doit produire insuline ; si c'est de type 2, on ne peut pas dire de façon formel que c'est dû à telle chose car plusieurs facteurs peuvent se retrouver, pouvant entrainer ce diabète : l'alimentation, la sédentarité, l'environnement», a déclaré Dr Fall Cissé. Et d'ajouter : «le diabète le plus grave, c'est celui qui n'est pas équilibré, que ce soit de type 1 ou 2».

Du côté du centre de prise en charge anti diabète, Professeur Maïmouna Ndour Mbaye, cheffe de l'unité de médecine interne à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et directrice du Centre national de lutte contre le diabète Mark Sankalé de l'hôpital Abass Ndao a laissé entendre : «l'enquête Steps de 2016 a montré une prévalence de 3,4% chez les personnes âgées de 18 à 69 ans et de 7,9% chez les plus de 45 ans. Les statistiques hospitalières, notamment celles du Centre national de lutte contre le diabète, avec en 1980, 200 nouveaux cas en moyenne et depuis 2005, ceci a augmenté jusqu'à près de 2500 nouveaux cas par an. A l'heure actuelle, près de 60.000 patients diabétiques de toutes les villes du Sénégal, et même des pays voisins, sont suivis». Revenant sur les consultations dans ledit centre, elle relève que «le nombre a augmenté de plus de 20% entre 2018 et 2019».

La progression rapide du diabète est l'un des principaux défis du Centre national de lutte contre le diabète. Selon le Pr Maïmouna Ndour Mbaye, la capacité de gestion des cas a été largement dépassée. «Ceci a un impact sur la qualité des soins du patient ; au lieu de faire des examens tous les deux ou trois mois, tel qu'il est recommandé, nous ne pouvons fournir que deux ou même une seule consultation par an», a-t-elle fait savoir.

Pour rappel, en plus du centre Mark Sankalé, Thiès a aussi un centre de prise en charge pour diabétiques et très bientôt Ziguinchor va en bénéficier.

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