Dakar — La direction générale de l'administration pénitentiaire déclare avoir procédé au transfèrement de l'opposant Ousmane Sonko à la prison du cap Manuel en tenant compte d'une "recommandation" de son médecin traitant, mais l'un de ses avocats, Ciré Clédor Ly, soutient que l'administrateur des prisons a pris cette décision "sans informer les avocats, le médecin traitant, ainsi que son médecin personnel".
"Son transfert au cap Manuel résulte [...] d'une recommandation de son médecin traitant", soutient l'administration pénitentiaire dans un communiqué.
Elle fait valoir que "le détenu Ousmane Sonko est régulièrement sorti de la réanimation sur décision du médecin, conformément au bon de sortie émis à cet effet".
L'administrateur des prisons tient à préciser que ses "visites [...] continuent de s'organiser selon la loi et conformément à sa volonté".
Elle affirme devoir "éclairer l'opinion" sur les "nombreux commentaires" que "suscite" le transfèrement à la prison du cap Manuel de l'opposant en détention depuis le 28 juillet et en grève de la faim.
Ousmane Sonko, placé en détention à la prison de Sébikotane, dans la région de Dakar, a été admis en réanimation dans un hôpital dakarois.
Dans un communiqué, Ciré Clédor Ly, l'un de ses avocats, a dénoncé les conditions de son transfèrement.
"Malgré les promesses faites aux avocats de les prévenir pour leur éviter des déplacements et recherches du lieu de détention, l'administration pénitentiaire et les autorités [...] ont manqué à leur parole et enlevé nuitamment Ousmane Sonko de la salle de réanimation, sans avertir, ni informer les avocats, le médecin traitant, ainsi que son médecin personnel", a écrit Me Ly.
Des "mouvements insurrectionnels"
"Quelle que soit la prison dans laquelle est enfermé mon client, je répète que l'exigence populaire demeure et restera sa mise en liberté, dans les délais les plus brefs", a-t-il soutenu. Ciré Clédor Ly estime que "sa détention est le résultat d'intrigues judiciaires et policières inadmissibles".
Ousmane Sonko, candidat déclaré à l'élection présidentielle du 25 février prochain, est inculpé d'appel à l'insurrection, d'association de malfaiteurs, d'atteinte à la sûreté de l'État et de complot contre l'autorité de l'État.
Pastef-Les patriotes, son parti politique, a été dissous par un décret du président de la République, car il appelle ses militants à "des mouvements insurrectionnels", a déclaré le ministre de l'Intérieur en juillet dernier.
Les responsables et les militants de ladite formation politique ont rejeté cette accusation. M. Sonko, ancien député, est arrivé troisième à l'élection présidentielle de 2019, derrière l'ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall.
Pastef-Les patriotes et ses alliés constituent l'un des principaux groupes parlementaires de l'Assemblée nationale.