Le préfet de police de la capitale de Madagascar a enjoint un couvre-feu à Antananarivo courant de mercredi soir jusqu'aux premières heures de jeudi, jour du premier tour de l'élection présidentielle.
Alors que le scrutin se prépare dans un contexte tendu, entre incendie d'un bureau de vote et la destruction de divers matériaux électoraux, le préfet a mis en garde contre des actions menant à de possibles arrestations, avec circonstance aggravante en cette période électorale.
Les bureaux ouvrent à six heures du matin (03 H 00 GMT). Onze millions d'électeurs inscrits devront choisir entre treize candidats.
Le président sortant Andry Rajoelina, 49 ans, brigue un second mandat. Mais les tensions avec l'opposition, sur la grande île de l'océan Indien, sont vives : dix opposants et candidats rassemblés au sein d'un collectif, dont des anciens présidents Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana, ont appelé mardi les électeurs à ne pas voter.
Ils contestent l'éligibilité de Rajoelina après un récent scandale autour de sa double nationalité française et malgache, et réclament une suspension du processus électoral.
Les opposants ont multiplié les appels à manifester à Antananarivo depuis début octobre. Les rassemblements, régulièrement dispersés au gaz lacrymogène, n'ont toutefois remporté le soutien que de quelques centaines de participants.
Les opposants, qui réclament une intervention de la communauté internationale, ont annoncé leur intention de poursuivre les protestations dans les prochains jours.
Le gouvernement de Rajoelina a plusieurs fois condamné une « volonté de renverser le pouvoir », accusant l'opposition de « menacer la stabilité du pays ».
Indépendante depuis 1960, l'ancienne colonie française, qui compte parmi les pays les pauvres au monde, a rarement connu une élection qui ne soit précédée d'une transition militaire ou suivie de contestations.
Le scrutin, initialement prévu le 9 novembre, avait été reporté d'une semaine le mois dernier à la suite de la blessure d'un candidat lors d'une manifestation. Washington et l'Union européenne ont exprimé leur « préoccupation » et dénoncé un usage disproportionné de la force contre l'opposition.
Élu en 2018, Andry Rajoelina avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie qui a chassé Marc Ravalomanana.