Congo-Kinshasa: Pour devenir « pays solution » au changement climatique, le pays doit renforcer ses institutions et augmenter ses investissements

communiqué de presse

KINSHASA — Possédant la moitié des forêts d'Afrique, d'importantes ressources en eau douce et des réserves minérales essentielles à la transition verte, la République Démocratique du Congo (RDC) a le potentiel de contribuer à l'action climatique mondiale et de s'imposer comme un « pays solution » au changement climatique tout en générant des revenus pour renforcer sa propre résilience et une croissance durable à faible émission de carbone.

Pour y arriver, le nouveau Rapport national sur le climat et le développement (CCDR) pour la RDC, publié par la Banque mondiale, appelle le pays à se doter d'institutions plus solides et plus résilientes, à faire face aux conflits et à la fragilité accrus, et à investir substantiellement afin d'atteindre ses ambitieux objectifs climatiques.

Le changement climatique pourrait réduire à néant les gains durement acquis par la RDC en matière de capital humain, avec un impact disproportionné sur les pauvres, et en particulier sur les femmes et les populations exclues. Si la RDC reste sur sa trajectoire de croissance actuelle et qu'aucune mesure n'est prise, le changement climatique pourrait entraîner une perte de 4,7% à 12,9% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2050. Selon le scénario climatique le plus pessimiste, 16 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d'ici 2050, si le pays ne met pas en oeuvre des investissements résilients au climat et des politiques inclusives supplémentaires pour parvenir à la croissance économique et à la durabilité des moyens de subsistance.

La couverture forestière de la RDC a un impact important sur les services écosystémiques mondiaux et nationaux. Les forêts de la RDC peuvent générer une valeur estimée entre 223 milliards et 398 milliards de dollars par an grâce au carbone stocké et aux services écosystémiques associés nécessaires pour atténuer les impacts des catastrophes et renforcer la résilience des communautés de la RDC. Cependant, si elles ne sont pas protégées, la perte de 40% de leur étendue actuelle pourrait signifier que le secteur de l'utilisation des terres, du changement d'affectation des terres et de la foresterie (UTCATF) de la RDC deviendrait une source nette de carbone et non plus un puits. Le coût total pour le monde d'une telle perte de stock de carbone - et donc de la capacité des forêts à fournir des services de séquestration du carbone - serait d'environ 95,3 milliards de dollars.

« La RDC pourrait devenir le premier pays solution en Afrique et au-delà, avec ses énormes réserves de minéraux verts, ses forêts vierges et sa capacité hydroélectrique. Des institutions plus fortes et plus résilientes ainsi que des financements substantiels sont nécessaires pour réaliser cette ambition, sans oublier que le pays devrait également s'attaquer à ses propres risques climatiques et poursuivre une croissance durable, à faible émission de carbone et plus diversifiée », a déclaré Albert Zeufack, Directeur pays de la Banque mondiale pour la RDC.

La réalisation de la vision de développement résilient et inclusif de la RDC passera par la construction d'infrastructures résilientes ainsi que l'amélioration de la sécurité alimentaire et de l'accès à l'énergie.

Sur la base des mesures d'adaptation modélisées dans le rapport, les investissements publics initiaux nécessaires pour compenser partiellement les risques liés au changement climatique sont estimés à environ 10,9 milliards de dollars d'ici 2050, principalement pour construire des infrastructures de transport améliorées, atténuer les impacts sanitaires du réchauffement climatique sur la productivité du travail, et réduire les risques d'inondations en milieu urbain des infrastructures et des moyens de subsistance. Des investissements supplémentaires seront nécessaires pour garantir l'intégration des mesures d'adaptation dans des domaines tels que l'agriculture et la gestion des paysages, la santé, l'adoption de pratiques de cuisson propres pour réduire la déforestation, l'assainissement de l'eau, la planification urbaine et les solutions climatiques basées sur la nature. Plusieurs mesures qui favorisent le développement et la résilience climatique peuvent également ralentir les émissions de gaz à effet de serre, principalement en renforçant les puits de carbone naturels grâce à des investissements dans la restauration des terres et la protection des forêts.

« D'importantes ressources financières sont nécessaires pour mettre en oeuvre la résilience et l'adaptation au changement climatique en RDC, avec des investissements supplémentaires requis de la part du secteur privé pour s'assurer que le pays soit en mesure de réaliser son développement », a déclaré Malick Fall, Représentant de la Société financière internationale (IFC) pour la RDC. « L'IFC travaille avec le secteur privé pour soutenir l'augmentation du financement et de l'assistance technique, en particulier dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'agro-industrie intelligente face au climat », a-t-il ajouté.

Le rapport CCDR du Groupe de la Banque mondiale, le premier du genre pour la RDC, vise à soutenir les efforts du pays pour atteindre ses objectifs de développement dans un environnement de changement climatique en quantifiant les impacts de ce dernier sur l'économie et en traçant une voie vers une croissance robuste, résiliente au climat et durable.

Le rapport définit quatre domaines d'action urgents. Selon les auteurs, ces quatre domaines d'action sont relativement abordables aujourd'hui, mais coûteraient beaucoup plus cher s'ils étaient mis en oeuvre plus tard. Il s'agit notamment de :

1. Mettre en oeuvre la vision de la RDC en tant que « pays solution » au changement climatique en investissant dans l'exploitation minière intelligente, dans le développement de l'hydroélectricité, dans la préservation des forêts et dans la gestion intégrée des paysages ;

2. Accroître la productivité agricole et renforcer la sécurité alimentaire grâce à une agriculture intelligente face au climat et à un soutien à l'irrigation par les agriculteurs ;

3. Développer des transports et des villes résistants au climat, renforcer l'accès au numérique et améliorer l'accès aux services de base ; et

4. Améliorer la gouvernance et stimuler le capital humain en réduisant la pauvreté, en augmentant l'inclusion sociale et en renforçant la sécurité.

A propos des Rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR)

Les Rapports nationaux sur le climat et le développement (Country Climate and Development Reports - CCDR) du Groupe de la Banque mondiale sont de nouveaux rapports de diagnostic de base qui intègrent les considérations relatives au changement climatique et au développement. Ils aideront les pays à hiérarchiser les actions les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et stimuler l'adaptation, tout en atteignant des objectifs plus larges de développement. Les CCDR s'appuient sur des données et des recherches rigoureuses et identifient les principales voies de réduction des émissions de GES et des vulnérabilités climatiques, y compris les coûts et les défis, ainsi que les avantages et les opportunités qui en découlent. Ces rapports suggèrent des actions concrètes et prioritaires pour soutenir la transition vers une économie sobre en carbone et résiliente. En tant que documents publics, les CCDR visent à informer les gouvernements, les citoyens, le secteur privé et les partenaires du développement et à permettre des engagements dans l'agenda du développement et du climat. Les CCDR alimenteront d'autres diagnostics fondamentaux du Groupe de la Banque mondiale, les engagements et les opérations dans les pays, et contribueront à attirer des financements et à orienter les financements vers des actions à fort impact sur le climat.

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