Mali: Les Kidalois qui avaient fui les combats jugent qu'«il est trop tôt pour rentrer»

Après la prise de Kidal mardi par l'armée malienne et le repli des rebelles du CSP, se pose la question du retour des populations, qui avaient fui par dizaines de milliers les combats et les bombardements. En dépit des appels à la sérénité lancés par les autorités, pour eux, le temps du retour est loin d'être venu.

Environ 50 000 habitants de Kidal et d'autres localités de la région - Anefis, Aguelhoc, Tessalit et d'autres localités plus petites- ont fui ces dernières semaines, majoritairement des deux côtés de la frontière algérienne, mais aussi vers la Mauritanie, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Pour Mohamed Askia Touré, représentant du HCR au Mali, les autorités maliennes de transition doivent à présent assurer les conditions de leur retour. « D'abord la libre-circulation des biens et des personnes. Je pense que c'est important que ces personnes puissent retrouver leur logement, qu'elles puissent retrouver un accès aux services sociaux de base, à l'eau et aux soins. Qu'elles aient accès aussi aux regroupements familiaux, car avec les évènements beaucoup de familles ont été dispersées. La protection des civils passe aussi par l'accès des humanitaires à toutes ces populations. »

Le HCR sollicite par ailleurs depuis plusieurs semaines l'autorisation des autorités algériennes pour porter assistance aux populations réfugiées dans le sud de l'Algérie.

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Un élu de Kidal, pro-Bamako et anti CSP, souligne que pour que les habitants reviennent, l'armée malienne et ses supplétifs de Wagner doivent « traiter correctement » les populations. Des scènes de pillage et de destruction ont déjà eu lieu dans la ville, et des personnalités proches des autorités de transition appellent ouvertement sur les réseaux sociaux à la violence et notamment au viol des femmes touaregs de Kidal.

De nouvelles frappes aériennes de l'armée près de Kidal ont été rapportées, les rebelles du CSP n'ont pas déposé les armes, « la guerre n'est pas terminée », rappelle un Kidalois qui a fui la ville avec sa famille, et qui estime qu'« il est trop tôt pour rentrer ». Un autre, également joint par RFI en Algérie, se donne « deux ou trois mois » pour évaluer la situation. Il craint notamment le ciblage des populations touaregs, les risques d'exactions et d'arrestations arbitraires. « Ils vont nous accuser d'être des complices du CSP », craint ce réfugié.

Le chef d'état-major des armées, le général Oumar Diarra, a déclaré après la prise de Kidal sur les ondes de la télévision d'Etat ORTM que la protection des populations serait assurée.

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