Tanger — Le développement des réseaux routiers et la mise à niveau des dispositifs logistiques constituent la clé de la connectivité inter-africaine et de l'intégration du continent dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), ont souligné, mercredi à Tanger, les participants à un panel organisé en marge de la 15ème édition du Forum international MEDays.
Lors de ce panel tenu sous le thème "Transport et logistique : Les vecteurs de la croissance et de l'émergence de l'Afrique", les intervenants ont indiqué que la situation actuelle des réseaux routiers africains constitue un véritable frein aux échanges commerciaux et économiques inter-africains et aussi à l'ouverture du continent sur l'économie mondiale.
Les panélistes ont également passé en revue des réflexions sur les niveaux de connectivité entre les pays africains, le networking sur le plan commercial, la question de l'attractivité des investissements et les stratégies de résilience du transport.
A cet égard, le ministre des affaires étrangères de la République de Hongrie, Péter Szijjártó, a affirmé que l'écart entre les pays développés et les pays en développement ne peut être surmonté que dans un très long laps de temps, d'où l'importance du débat politique international sur la base du respect mutuel et des connexions et de la connectivité globales, à travers notamment les routes maritimes ou aériennes, pour favoriser la coopération mondiale à la place des et des disparités blocs.
"Le développement des infrastructures est la première étape, absolument nécessaire, vers le développement économique de l'Afrique", a-t-il dit, notant que la population africaine est en croissance rapide, ce qui entrave le développement socio-économique du continent et nourrit le défi de la migration massive.
"Investir dans l'économie c'est investir d'abord dans les infrastructures en Afrique", a fait valoir le ministre, ajoutant que si les pays ne sont physiquement pas interconnectés, cela peut nuire à leurs activités commerciales et rendre la connexion entre les communautés très compliquée sur tous les plans.
De son côté, Abdoulaye Baldé, ministre d'État, directeur général de l'Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX) de la République du Sénégal, a affirmé que les infrastructures sont aujourd'hui au coeur des politiques de développement, précisant que les stratégies de renforcement de la connectivité entre le du sud et le nord sont basées sur la mise en place de points de liaison qui permettent une mobilité plus fluide entre les pays africains.
Le développement des autoroutes, la réhabilitation des réseaux ferroviaires, la délocalisation des infrastructures vers les zones enclavées, constituent les éléments clés de l'amélioration de l'accessibilité aux marchés africains, a indiqué M. Baldé, faisant remarquer que les partenariats public-privé (PPT) peuvent constituer une réponse efficace aux défis du développement des infrastructures qui sont principalement liés aux financements publiques, ainsi qu'à la paix et la stabilité politique dans la région.
Pour sa part, le président du conseil d'administration de Sequence ventures, a affirmé que les innovations technologiques des entreprises peuvent jouer un rôle important dans le renforcement des réseaux logistiques, d'autant plus que l'Afrique est caractérisée par une abondance des talents.
La technologie, a-t-il enchaîné, permettra de dépasser plusieurs défis, notamment via la dématérialisation des procédures administratives et le développement du e-commerce, outre les liaisons aériennes et la mise en place d'un visa africain qui peut constituer une réponse au problème de connectivité entre les pays africains.
Dans ce sens, le président du Conseil Français des Investisseurs en Afrique (CIAN), Etienne Giros, a mis en avant les défis à relever pour une performance logistique meilleure, notamment le désenclavement des pays qui n'ont pas accès à la mer, dont le Niger qui double sa population chaque 20 ans, l'infrastructure qui est une condition préalable à la logistique, la digitalisation des procédures administratives qui constituent une véritable contrainte pour les entreprises, ainsi que la décarbonation et la réduction des émissions polluantes.
Il a par ailleurs estimé qu'il faut vivifier la concurrence qui permet de baisser les prix et d'améliorer la qualité, appelant à saisir l'opportunité que représente la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) qui permettra, selon lui, d'encourager la connectivité entre les marchés, la décongestion des métropoles, et ainsi permettre aux marchés africains d'accueillir de grands investissements.
La 15è édition du Forum international MEDays, organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi, réunit plus de 200 intervenants de très haut niveau, parmi lesquels des chefs d'État et de gouvernement, des décideurs politiques, des chefs de grandes entreprises internationales et des personnalités internationales de premier plan, autour de plus de 5.000 participants, venus de plus d'une centaine de pays.