Ile Maurice: Le calvaire de Vilasha Sooriah raconté par sa mère

16 Novembre 2023

Poornima Puchooa est anéantie. Elle aurait à maintes reprises demandé à sa fille, Vilasha Sooriah, de quitter le toit conjugal, mais la mère de deux enfants de 17 et 20 ans a préféré souffrir plutôt que de les traumatiser avec une vie familiale brisée.

Poornima Puchooa a même dû emmener sa fille au poste de police, mais Vilasha Sooriah a dit aux policiers qu'elle ne souhaitait pas porter plainte. Ses collègues de l'école du gouvernement de Moka, où elle travaillait comme attendant, ont tenté de la convaincre de se rendre à la Family Protection Unit, mais la femme de 39 ans ne voulait pas. Ses proches étaient impuissants devant son refus. «Mo trouv li éna mark partou ek tras brilé, li dir mwa: 'Pa traka ma, mo pou fini bien'», relate Poornima Puchooa qui habite à Palma, Quatre-Bornes.

Dix-huit ans de vie commune où la violence était le quotidien de Vilasha Sooriah, selon sa mère. Poornima Puchooa raconte que sa fille a subi toutes sortes de tortures. «Si éna pou rakonté, éna tro boukou pou rakonté. Misié-la inn déza met kalchoul so ar li, pran belna tap lor so lébra, linn déza fer mo tifi kwi bouyon apré li pa manz bouyon-la li pran li, li vid sa lor mo tifi. Enn zour li pran 'thinner' li avoy dan mo tifi so figir, so lizié inn afekté. Li ti pé rod rap zalimet ar li. Garson 17-an-la dir: 'Papa, ki to pe fer?' Li dir zordi mo pou met difé ar li.»

Poornima Puchooa relate que les enfants sont également traumatisés par ces scènes de violence et que lorsque ceux-ci essaient de séparer le couple, le père les battait également. «Kan bann zanfan-la anpes papa-la bat zot mama, li bat zot si. Bann zanfan-la per zot papa dir zot pa rant ladan.»

%

C'est en prenant un emploi dans un magasin que Vilasha Sooriah fait la rencontre de Soovendra Sooriah. Celui-ci, qui exerce comme maçon, s'est fait passer pour un agent de la Criminal Investigation Division (CID). «Il avait dit à Vilasha qu'il est policier et qu'il l'aimait. Mais ensuite, il a dit qu'il n'est pas policier mais qu'il veut épouser Vilasha. Je n'étais pas d'accord avec cette union. Mais Soovendra Sooriah venait chez moi à chaque fois et me disait qu'il aime ma fille et veut l'épouser. Ma fille aussi me disait d'accepter, j'ai alors donné mon consentement sans savoir que je livrais ma fille à un homme abominable», regrette Poornima Puchooa.

Eau bouillante

Selon les dires de Poornima Puchooa, Soovendra Sooriah aurait entraîné sa fille dans la consommation d'alcool. «Linn fer mo tifi vinn enn alkolik. Toulézour zot bwar apré zot lager. Li bat li, li met li déor. Mo tifi res lor simé ziska tar, bizin sipliyé li pou les li rant dan lakaz.»

Ainsi, le lundi 13 novembre, une énième dispute a éclaté entre le couple domicilié à Moka, mais cette fois-ci, elle s'est avérée mortelle. Soovendra Sooriah aurait ébouillanté son épouse, qui a succombé à ses brûlures, selon l'autopsie pratiquée par le médecin légiste de la police, Prem Chamane. L'époux, demeurant le principal suspect, qui avait dans un premier temps nié, aurait finalement avoué après son interrogatoire par la CID de Moka.

Selon Soovendra Sooriah, son épouse lui reprochait d'entretenir une liaison extraconjugale. En effet, selon lui, Vilasha Sooriah l'avait déjà surpris dans le quartier avec une autre femme alors qu'elle revenait du travail. Depuis lorsqu'ils étaient ivres, son épouse lui reprochait cette affaire. Ainsi, dans un accès de colère, il se serait saisi d'une casserole contenant de l'eau qu'elle faisait bouillir pour préparer du thé et l'aurait vidée sur elle. Soovendra Sooriah a expliqué aux enquêteurs qu'après l'incident, il est parti à la pharmacie pour acheter de la pommade et l'a passée sur les brûlures. Il voulait appeler un médecin du privé, mais son épouse est décédée avant qu'il ne puisse le faire.

Soovendra Sooriah a comparu devant la justice pour meurtre mardi et a été reconduit en cellule policière. Les agents ont ensuite effectué une descente au domicile du suspect, en sa compagnie, où une casserole et des pièces à conviction ont été saisies.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.