À Madagascar, c'est l'heure du dépouillement à l'issue du premier tour de la présidentielle. Un scrutin très inédit puisque seul 3 des 13 candidats ont sollicité les suffrages des électeurs, les 10 autres leur ont demandé de boycotter le scrutin. La participation est donc un enjeu majeur de cette élection voulue par le président sortant Andry Rajoelina. Or, elle est plutôt faible, selon les premières observations.
Le taux de participation au scrutin, dont les résultats préliminaires doivent être annoncés le 24 novembre, est d'environ 39%, selon une estimation officielle de la commission électorale (Ceni) dont l'impartialité est mise en doute par l'opposition.
Le collectif de dix candidats, opposés au président sortant Andry Rajoelina et rassemblant notamment deux ex-présidents malgaches, avait annoncé plus tôt dans la soirée une participation « au plus bas dans l'histoire électorale de Madagascar », aux alentours de 20%, selon des chiffres qui leur ont été transmis par les observateurs internationaux.
Deux sources au sein de la Céni avaient déclaré à l'AFP que la barre pourrait même se situer sous les 20%. Le chiffre définitif doit encore être communiqué par la commission. Le dépouillement a commencé dès la fin du vote.
Lors d'une intervention au Parlement jeudi soir, la présidente de l'Assemblée nationale, a « pris acte de l'élection » au nom de la plateforme de dialogue et de médiation qu'elle dirige. « Chaque citoyen a accompli son devoir en votant ou non en fonction de ses options, a déclaré Christine Razanamahasoa. Que chacun médite sur ce que nous avons vécu aujourd'hui et que nous nous remettions en cause. »
De son côté, le collectif des dix opposants et candidats à la présidentielle, qui avait appelé au boycott du premier tour, a déclaré à la fermeture des bureaux de vote ne pas « reconnaître ces élections », et réitère que l'élection présidentielle de ce jeudi a été organisée de force et dans l'illégalité. « La majorité des Malgaches s'est exprimée à travers le fait qu'ils sont restés chez eux », a affirmé l'ex-président et membre du collectif Hery Rajaonarimanpianina au micro de RFI.
Une position loin d'être défendue par le gouvernement. Le président de la République par intérim, le général Ravalomanana, estime pour sa part que le taux de participation ne peut pas être un indicateur de légitimité. « On peut ne pas aller voter pour diverses raisons : rien ne permet de dire que c'était en soutien au collectif. Exploiter le taux de participation est enfantin. »
En milieu d'après-midi, Stella Razanamahefa la porte-parole de l'observatoire de la société civile Safidy confirmait déjà les premières impressions. A partir d'un échantillon de 2 300 bureaux de vote sur tout le territoire, à midi, la participation était deux fois plus faible qu'au dernier scrutin. « En 2018, nous avons pu constater les taux de participation à 44%, tandis que cette année, c'est à 22,4%. »
L'abstention est particulièrement forte dans la capitale et le centre du pays, alors que le sud s'est mobilisé davantage.
Cette année, il y a peu de monde, c'est la différence entre 2018 et 2023.