Les états généraux des marchés et yaars se sont tenus, le jeudi 16 novembre 2023 à Ouagadougou, sur le thème : « Gestion et exploitation des infrastructures marchandes au Burkina Faso : états des lieux et perspectives ». A l'issue de cette rencontre organisée par le ministère en charge du commerce, en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso, tous les acteurs ont été unanimes qu'il est désormais temps de faire régner l'ordre et la discipline dans les marchés et yaars, afin d'éviter d'autres drames.
La gestion et l'exploitation des marchés et yaars constituent des problématiques au coeur des défis actuels du Burkina Faso, en matière de développement économique et social. C'est un secteur caractérisé par des installations anarchiques, sans respect des plans d'aménagement et des normes techniques, des problèmes d'assainissement, de sécurité, des raccordements anarchiques aux réseaux d'électricité et d'eau, etc. Dans ces lieux se développent des pratiques illégales tels le stockage de produits dangereux et prohibés sans respect des normes, l'envahissement des rues, des espaces publics et des zones résidentielles par les commerces, l'inaccessibilité des marchés aux services publics pour des besoins de contrôle ; transformant ainsi ces marchés et yaars en marchés noirs où toutes les pratiques sont possibles.
Face à ce diagnostic, tous les acteurs sont unanimes qu'il est temps d'assainir le secteur, en faisant régner l'ordre et la discipline. D'où la tenue des états généraux des marchés et yaars, le jeudi 16 novembre 2023, à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre organisée par le ministère en charge du commerce, en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso, les échanges ont porté sur le thème : « Gestion et exploitation des infrastructures marchandes au Burkina Faso : états des lieux et perspectives ». Première du genre, l'objectif de ces états généraux est de faire le diagnostic des marchés et yaars du Burkina Faso dans le cadre d'un dialogue franc entre les parties prenantes et faire un bilan sans complaisance, notamment des aspects de la sécurité et des normes d'exploitation.
A cet effet, les exploitants des infrastructures marchandes, les techniciens de l'administration publique, les structures de gestion des marchés et yaars, les représentants des organisations professionnelles des commerçants et les partenaires techniques et financiers se sont penchés sur d'autres sous-thèmes, tels que le « Cadre juridique et institutionnel de la gestion et de l'exploitation des marchés et yaars » ; « La conformité des marchés et yaars avec les normes de sécurité et de qualité ».
Le silence coupable des acteurs
« Les pratiques illégales dans les marchés et yaars : état des lieux et responsabilité des parties prenantes » ; « Renforcement et modernisation des marchés et yaars pour une économie plus prospère et saine », ont aussi fait l'objet de réflexions. Ensemble, les acteurs ont ainsi analysé la situation actuelle des marchés et yaars au Burkina Faso sous tous les aspects (juridiques, fonctionnement, organisation, institutionnels, conformité), recensé les difficultés et failles constatées dans l'aménagement et l'exploitation des marchés et yaars. Les participants ont, entre autres, proposé des mesures pour remédier à ces difficultés et inventorié les pratiques à risque dans les marchés et yaars, des mesures de mise en conformité des marchés et yaars, relevé les défaillances sécuritaires et proposé des mesures correctives.
Pour le président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, Maurice Konaté, la tenue de ce cadre d'échanges vient à point nommé, car elle répond à un besoin urgent de réformer ce secteur. Et ce, eu égard aux nombreux incidents, dont les incendies répétitifs enregistrés ces dernières années aux conséquences désastreuses. « Ces états généraux se veulent une occasion pour tous les acteurs de faire des recommandations fortes au gouvernement pour pallier les éventuels autres incidents », a-t-il indiqué. A son tour le ministre en charge du commerce, Serges Pooda, a rassuré les acteurs que ces « états généraux des marchés et yaars » ne seront pas simplement un évènement de plus.
« Les conclusions ne seront pas rangées dans les tiroirs, car le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a exprimé clairement son attachement à la mise en oeuvre diligente de ces recommandations pour les marchés et yaars qui concourent à la citoyenneté, à l'intérêt général de toute la population », a -t-il soutenu. En attendant la mise en oeuvre des recommandations, le Premier ministre, Me Apollinaire Joachimsom Kyélem de Tambela, est revenu sur l'incendie du grand marché de Ouagadougou, Rood-Woko, en 2003, la série d'incendies en 2015, et plus récemment celui du marché Sankar-yaaré, à Ouagadougou. Il a pointé du doigt le silence coupable des acteurs dans la survenue de ces drames dans les marchés et yaars ». Pour lui, les torts sont partagés et il faut sévir. « Il faut qu'on restaure l'ordre et la discipline dans les marchés et yaars et pour mettre fin à la spéculation. On ne peut pas avancer dans l'indiscipline », a - t- il conclu.