Tanger — Les relations entre l'Afrique et l'Europe doivent être fondées impérativement sur un partenariat équitable, favorisant un dialogue permanent et des solutions innovantes, faute de quoi elles pourraient devenir impossibles, ont estimé jeudi les participants à une session du Forum MEDays.
Les participants à cette session, tenue sous le thème "Afrique - Europe : D'égal à égal ou rien", ont appelé à une révision des attitudes et des politiques pour la construction d'un avenir où l'Afrique et l'Europe pourront collaborer sur un pied d'égalité, en respectant l'autonomie et le potentiel de chaque nation.
Intervenant à cette session, l'ancien ministre ivoirien des Affaires étrangères, Albert Mabri Toikeuse, a rappelé que l'Afrique et l'Europe partagent une histoire "inscrite sur de longues pages, parfois dramatiques et douloureuses pour l'Afrique", qui fait que ces deux continents devraient mieux se connaître, en tirant part de leur histoire commune et de leur proximité géographique.
"Les relations entre les deux continents se sont inscrites au fil des années dans la méfiance. La confiance a abandonné nos relations, et nous pensons que c'est toujours l'Autre qui est à l'origine de notre situation malheureuse. Nous réalisons les frustrations de l'Europe lorsque l'Afrique tente de diversifier ses partenariats, alors que les deux continents doivent améliorer leurs relations et mettre à profit l'expertise du Nord au service du développement du Sud, doté de ressources naturelles abondantes", a souligné le diplomate.
Il a relevé, dans ce sens, que l'opportunité réside dans le fait de se départir de tout ce qui freine le développement commun et de comprendre que les deux continents gagneront ensemble, et que "personne n'y parviendra seul".
L'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal et président de l'institut panafricain de stratégie, Cheikh Gadio a, pour sa part, souligné que son pays entretient des relations historiques avec le continent européen, et plus particulièrement avec la France, notant qu'aujourd'hui, les deux continents doivent se diriger rapidement vers une alliance stratégique, basée sur le respect mutuel et le partenariat gagnant-gagnant, pour le bien de leurs peuples respectifs.
"Il existe une tradition difficile des relations, que j'appelle l'unilatéralisme à prétention universelle. C'est-à-dire que quand les Européens pensent quelque chose, ils ne comprennent pas que le reste du monde soit en désaccord avec eux, et particulièrement l'Afrique, même sur des questions qui intéressent les pays africains", a relevé le diplomate.
M. Gadio a souligné dans ce sens, qu'il n'y a plus de monopole de la vérité universelle, car celle-ci provient désormais de différents continents et de différentes cultures, et il est temps pour l'Europe d'évoluer vers une compréhension des aspirations du continent Africain.
La 15è édition du Forum international MEDays se tient, du 15 au 18 novembre, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI.
Cette édition, tenue sous le thème "Polycrise, Polymonde3, réunit à Tanger plus de 200 intervenants de très haut niveau, parmi lesquels des chefs d'État et de gouvernement, des décideurs politiques, des prix Nobel, des chefs de grandes entreprises internationales et des personnalités internationales de premier plan, autour de plus 5000 participants, venus de plus d'une centaine de pays.