Le procureur adjoint de la CPI était à Kinshasa. A deux mois des élections, il dit surveiller les violences et les discours de haine dans l'est de la RDC.
Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI) a clôturé ce jeudi (16.11) une visite de deux jours dans la capitale de la République Démocratique du Congo.
A Kinshasa, Mame Mandiaye Niang a rencontré des représentants des autorités judiciaires, dont les procureurs généraux, les procureurs militaires et les membres de l'auditorat. Il a rappelé que la CPI a d'abord été saisie par la RDC en 2004, à propos de la criminalité dans l'est du pays, avant d'être saisie de nouveau cette année.
La justice pénale internationale est lente, a reconnu Mame Mandiaye Niang, mais, a-t-il assuré, elle "ne se décourage pas".
"Notre obligation sera une obligation de moyens, a déclaré Mame Mandiaye Niang. On va y aller avec la ferme volonté d'avoir des résultats. On ne peut pas garantir que c'est immédiatement demain. Mais je peux vous dire que c'est une criminalité qui nous préoccupe et c'est une criminalité pour laquelle nous n'allons épargner aucun effort pour y apporter une réponse."
Rendre justice aux victimes
Interpellé sur la lenteur des procédures et l'impact limité de l'action de la CPI "surtout quand on se place du côté des victimes", le procureur adjoint a répondu : "Ce qu'on fait est loin, très loin d'être assez, ni en termes de rythme, ni en termes d'impact".
Mais, a-t-il poursuivi, il faut voir "la criminalité dont nous nous occupons: génocide, crime contre l'humanité, crime de guerre...", des formes de criminalité "qui font souvent des milliers" voire "des millions de victimes".
La CPI vise surtout les "auteurs intellectuels des crimes, les leaders, qui souvent sont armés, puissants, difficilement accessibles", a également souligné Mame Mandiaye Niang. "Ce qui est rassurant, c'est que ce système de justice ne se décourage pas, qu'il prendra le temps qu'il prendra, mais rendra justice aux victimes", a-t-il estimé.
L'incitation à la haine ternit le processus électoral
La visite du procureur adjoint de la CPI est survenue à quelques semaines des élections générales attendues le 20 décembre prochain. Les Congolais doivent élire un président de la République, des députés nationaux et provinciaux, ainsi que des conseillers communaux.
Mais les discours de haine qui précèdent ces scrutins font craindre des violences. La CPI est en train de tout observer, a averti Mame Mandiaye Niang. "Nous continuons à monitorer ce qui se passe. Nous reviendrons à travers une autre table-ronde avec tous ces partenaires pour faire à nouveau l'évaluation et ensuite pour essayer d'amplifier ce mouvement que nous avons commencé."
Mame Mandiaye Niang a promis de revenir en RDC l'année prochaine.