« Où que vous soyez : rappelez-vous de votre potentiel illimité. Vous possédez le pouvoir de changer les choses, d'inspirer les autres et de laisser une marque durable sur le monde », a déclaré la sergent-chef Renita Rismayanti, déployée au sein de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine, en acceptant le prix de la Policière de l'ONU de l'année au siège de l'ONU ce jeudi.
« Merci d'avoir rendu les Nations Unies ainsi que votre pays d'origine, l'Indonésie, très fiers », a réagi le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, dans un discours louant les « services exceptionnels » rendus par la sergent-chef aux Nations Unies.
Renita Rismayanti est responsable de la base de données criminelles de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Plus jeune récipiendaire du prix depuis sa création en 2011, la policière a été récompensée pour avoir contribué à la conception d'une base de données permettant à la police de l'ONU de cartographier les lieux criminogènes en République centrafricaine.
Son travail au sein de la MINUSCA permet à la police des Nations Unies (UNPOL) « d'analyser les points chauds de criminalité et de désordre », aidant ainsi les forces centrafricaines à agir plus efficacement « en tenant compte du genre, en soutien à la population locale et aux communautés vulnérables ».
Écouter sa voix intérieure
La policière de la MINUSCA s'est dite profondément touchée par cette reconnaissance.
« J'ai commencé cette mission en tant que plus jeune policier à 25 ans », a-t-elle dit en revenant sur son parcours.
« Au fil des ans, j'ai gagné en confiance et en expertise. J'ai aussi acquis deux convictions fondamentales. Tout d'abord, l'importance d'écouter sa voix intérieure et d'aspirer à devenir la personne que l'on imagine, même si cela signifie sortir de sa zone de confort. Embrassez votre passion unique, car elle vous définit. Deuxièmement, reconnaître qu'une telle voie exige des efforts considérables ; cela peut être épuisant ou décourageant, mais je vous en supplie : ne cessez pas vos efforts. Persistez, car cela vous aidera éventuellement à devenir la personne que vous voulez être », s'est enthousiasmée la sergent-chef.
Son jeune âge est « un message clair selon lequel l'âge n'a pas d'importance pour avoir un impact dans la mise en oeuvre de la Convention des Nations Unies », a réagi le Conseiller pour la Police des Nations Unies, Faisal Shahkar, selon qui « les dirigeants de l'UNPOL ont une énorme responsabilité et un rôle à jouer, notamment en recherchant et en promouvant continuellement les jeunes talents et l'innovation au sein de nos équipes ».
Stratégie numérique
M. Lacroix a parlé de l'officière comme d'une « jeune agent du changement », ayant fait progresser les efforts de l'ONU visant à exploiter les données et la technologie pour garantir l'efficacité des opérations et la pertinence de l'ONU pour l'avenir.
Le Secrétaire général adjoint a dressé un lien clair entre la stratégie de transformation numérique des opérations de maintien de la paix et le succès de l'initiative co-lancée par la sergent-chef primée.
En outre, « il est formidable d'apprendre que les États membres développent déjà ces capacités, y compris parmi les jeunes, et nous sommes reconnaissants qu'ils mettent généreusement ces compétences au service de l'ONU », a-t-il ajouté.
M. Lacroix a aussi mentionné les efforts pour rendre les opérations de maintien de la paix « plus sensibles au genre » et pour « promouvoir la participation pleine, égale et significative des femmes au maintien de la paix et aux processus politiques et de paix ».
Les discriminations sexistes toujours présentes sur le terrain
Conscient des difficultés auxquelles les policières de l'ONU sont confrontées - parmi lesquelles « des infrastructures et des environnements sensibles au genre insuffisants », ainsi que « les préjugés et la discrimination sexistes », il a assuré que le Département des opérations de paix renforcerait sa compréhension du problème grâce à « une meilleure analyse des données, des enquêtes et des mécanismes de retour d'information ».
Le Département des opérations de paix a élaboré il y a cinq ans une « stratégie de parité en uniforme » pour la participation des femmes aux opérations. À la lumière des menaces à la sécurité affectant davantage les femmes, les activités de renforcement de la confiance et les patrouilles de l'UNPOL entreprises en République centrafricaine, mais aussi en République démocratique du Congo, au Mali et au Soudan du Sud ont contribué à éliminer les obstacles à la participation des femmes et à stabiliser la situation, a relevé le chef des opérations de paix.
« Il est de la plus haute importance de déployer du personnel en uniforme doté de l'état d'esprit, de la formation et des capacités nécessaires pour intégrer et faire progresser les questions de genre dans leur travail », a commenté M. Lacroix en mentionnant une statistique illustrant cet effort : les femmes occupent aujourd'hui 6 postes sur 13 - soit 46,2% - des postes de chefs ou de chefs adjoints de l'UNPOL dans les missions sur le terrain.