Sénégal: Présidentielle 2024 - Deux décisions judiciaires décisives pour la candidature d'Ousmane Sonko attendues ce vendredi

Dakar — La Cour suprême du Sénégal et la Cour de justice de la CEDEAO, saisies de recours concernant la candidature de l'opposant Ousmane Sonko à l'élection présidentielle sénégalaise du 25 février, doivent rendre leur décision ce vendredi, annoncent des partisans et des avocats du leader politique.

La haute juridiction nationale doit plancher sur un recours de l'État du Sénégal, qui a fait appel d'une décision rendue début octobre par un juge du tribunal de grande instance de Ziguinchor (sud), une ville dont M. Sonko est le maire.

Ce tribunal, saisi par ses avocats, a jugé illégale la radiation de l'opposant du fichier électoral, l'a annulée et a ordonné sa réintégration. La radiation de l'opposant l'empêche d'être candidat à l'élection présidentielle.

De son côté, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a mis en délibéré, à ce vendredi 17 novembre, le jugement de l'affaire opposant les avocats d'Ousmane Sonko à l'Agent judiciaire de État.

La juridiction régionale devrait également rendre une décision relative à la dissolution de Pastef-Les patriotes, le parti politique de M. Sonko. Cette formation politique est l'une des plus représentatives du pays. Elle a fait élire plusieurs députés en 2022 et était déjà représentée à l'Assemblée nationale durant la précédente législature.

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En attendant les décisions de la Cour suprême et de la Cour de justice de la CEDEAO, ses partisans ont annoncé la tenue de rassemblements en guise de soutien à l'opposant, à Dakar et dans d'autres villes du pays.

"Des mouvements insurrectionnels"

Pastef-Les patriotes a été dissous par le président de la République, Macky Sall, qui lui reproche d'appeler ses militants à "des mouvements insurrectionnels", a déclaré le ministre de l'Intérieur, en juillet dernier. Le parti et ses militants ne cessent de rejeter cette accusation.

La Direction générale des élections (DGE), invoquant sa radiation du fichier électoral, a refusé de délivrer au mandataire de M. Sonko les outils nécessaires à la collecte des parrains pour sa candidature. La DGE a également fait valoir "le caractère non-définitif de la décision du juge de Ziguinchor contestée par l'État, à travers un recours à la Cour suprême", pour ne pas mettre à la disposition de l'opposant les outils dont il a besoin pour collecter des parrains.

En juin dernier, Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", dans le procès qui l'opposait à la demoiselle Adji Sarr, laquelle l'accusait de viol et de menaces de mort.

L'opposant a été acquitté des accusations de viol et de menaces de mort. Des violentes manifestations ont eu lieu à la suite de ce procès.

Des organisations indépendantes, dont Amnesty International, ont signalé la mort d'une vingtaine de personnes dans ces heurts, le gouvernement faisant état d'une quinzaine de personnes tuées. De nombreuses infrastructures avaient été saccagées.

"La liberté d'aller et de venir"

Les avocats d'Ousmane Sonko ont demandé aussi à la Cour de justice de la CEDEAO d"'ordonner à l'État du Sénégal de s'abstenir de toute action de nature à aggraver le différend qui l'oppose" au maire de Ziguinchor, en lien avec "sa participation à l'élection présidentielle".

Ils ont saisi la juridiction régionale pour qu'elle décide d"'ordonner à l'État du Sénégal de s'abstenir de porter atteinte à la liberté d'aller et de venir" de l'opposant. Ce dernier a été arrêté le 28 juillet et placé en détention trois jours plus tard.

Il est accusé d"'appel à l'insurrection, d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et d'atteinte à la sûreté de l'État".

Jeudi, Ousmane Sonko, toujours en prison, a appelé ses militants à "la résistance". Il réclame "une justice équitable, libre et indépendante", le "droit de vivre dans un pays sans craindre d'être arrêté et emprisonné sans justification".

"Du fond de ma cellule, je continue à réclamer ma libération, car cette arrestation n'est [...] qu'une prise d'otage politique pour empêcher ma candidature à l'élection présidentielle", rapportent plusieurs journaux, citant l'opposant qui, selon ses avocats, observe une grève de la faim depuis plusieurs jours.

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