La reprise de Kidal au Mali a fait de nombreux déplacés. Sur les réseaux sociaux, les femmes de la ville sont stigmatisées comme étant des "butins de guerre".
Au Mali, après la reprise de la ville de Kidal par l'armée, la vie reprend timidement ses droits. Le gouvernement a décrété, le 15 novembre, un couvre-feu de 30 jours, de 20 heures à 6 heures du matin.
De nombreux commerçants ont quitté la ville avant l'arrivée des soldats maliens, occasionnant des scènes de pillages.
Le sort des femmes de Kidal, dont certaines se sentent menacées, est également une source d'inquiétudes.
Dans son rapport publié début novembre, soit avant la prise de Kidal, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) annonçait déjà une augmentation de 116% du nombre des déplacés dans la région de Kidal, de décembre 2022 à septembre 2023.
Des déplacés attendent des garanties de sécurité à Kidal
Le nombre de déplacés internes atteindrait désormais plus de 32.000 personnes, selon l'OIM. Et la chute de Kidal devrait aggraver la situation puisque les trois quarts de la population auraient fui la ville.
Ce jeune Kidalois que nous avons pu contacter, a été contraint de partir. Préférant garder l'anonymat, il affirme avoir rejoint la frontière avec l'Algérie à la veille de l'entrée des FAMa dans la ville. Il n'envisage pas un retour dans l'immédiat chez lui
"On ne compte pas y retourner, confie-t-il. On ne peut pas prendre cette responsabilité parce que personne ne garantit notre sécurité. Il faut prendre du temps pour voir comment les choses vont se calmer. On ne sait pas si l'administration va revenir ou pas."
Le jeune homme précise qu'"à la frontière algérienne, nous vivons dans des conditions pas très favorables. On doit reconstruire ici, chercher des maisons, chercher un travail. Il faut vraiment beaucoup de choses."
Les femmes de Kidal traitées comme des "butins de guerre"
Pour Fatouma Harber, blogueuse basée à Tombouctou, dans le nord du Mali, les milliers de personnes qui ont fui Kidal et trouvé refuge, pour la plupart à la frontière algérienne ou en Mauritanie, ont besoin de garanties sécuritaires avant d'envisager tout retour dans leur région natale.
Celle qu'on surnomme Tinbutu Woye condamne par ailleurs l'attitude de certains internautes qui, depuis la reprise de la ville par l'armée malienne, stigmatisent et menacent les femmes de Kidal sur les réseaux sociaux.
Pour elle, "le retour de l'armée malienne à Kidal est simplement un retour à la norme. Si Kidal fait réellement partie du Mali, les femmes de Kidal et les autres femmes de la région doivent se sentir en sécurité. A aucun moment, elles ne doivent passer pour du butin de guerre et être données en pâture à des railleries comme on le voit sur les réseaux sociaux."
Dans la foulée de la reprise de la ville par l'armée, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a annoncé le déploiement d'agents de police, sous la responsabilité du premier arrondissement de Kidal.