Sénégal: Vente de pain dans les boutiques, baignade dans les plages interdites, fumer dans les lieux publics... - Quand les interdits sont foulés au pied !

17 Novembre 2023

Le Sénégal est une société d'émotion. Il suffit qu'une catastrophe se produise pour que tout le monde s'émeuve et qu'on prenne ou revienne sur des mesures. Du lointain Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, tous ces présidents ont eu à interdire des choses par des lois, décrets ou arrêtés, toujours en vigueur, mais qui sont, aujourd'hui, allégrement violés par la société sénégalaise, au vu et au su de tout le monde. Par exemple, se mettre sur un marchepied dans les transports en commun, la vente du pain dans les boutiques, la baignade dans certaines plages (interdites), le fait de fumer dans les lieux publics... L'Etat est responsable, les populations aussi, mais personne n'est coupable, semble-t-il.

Dès l'apparition des premiers cas de Covid-19, le Sénégal a pris plusieurs mesures pour limiter la propagation de la maladie. Parmi celles-ci : l'interdiction de vente du pain dans les boutiques, qui entre dans le cadre de l'application du décret 2019-2277 du 31 décembre 2019 réglementant les activités de production, de distribution et de vente des produits de boulangerie et de pâtisserie au Sénégal. Suivie tout au début, la mesure d'interdiction a été par la suite foulée au pied par les populations. Le pain est vendu dans les échoppes, sans aucune mesure d'hygiène, même lors du temps de progression alarmante de l'épidémie. Et, la semaine dernière, la Direction du Service régional de commerce de Dakar a tenté de revenir sur la règlementation et l'assainissement du circuit de distribution du pain, en saisissant plus de 10 mille baguettes de pain, ainsi que des motos et chariots servant à les transporter.

SECTEUR DU TRANSPORT : L'EMOI SEULEMENT JUSTE APRES DES CATASTROPHES

Il y a quelques mois, deux accidents routiers (Sikilo et Sakal) qui ont fait plus de 60 morts, ont plongé tout le pays en deuil. Ce qui avait poussé le gouvernement à prendre des mesures pour lutter contre l'insécurité routière dont l'interdiction de rouler la nuit pour les véhicules de transport public de voyageurs, des «Versailles» et de l'importation de pneus d'occasion, etc. Si certaines mesures sont respectées, d'autres comme la suppression des «Versailles» (sièges bricolés dans les véhicules), pour éviter la surcharge de personnes, sont bafouées. Du lointain, se mettre sur un marchepied dans les transports en commun était carrément interdit. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

Toujours dans le cadre des mesures sécuritaires, après le chavirement d'une pirogue transportant plus de 70 personnes près de Bettenti, dans le Delta du Saloum et ayant tué 21 femmes, les dispositions nécessaires avaient été prises notamment le port obligatoire du gilet de sauvetage pour embarquer/voyager à bord de ses «courriers». Cependant, aujourd'hui, la négligence des normes de sécurité saute à l'oeil nu. Aujourd'hui, sur toute la rive du fleuve Sénégal, dans tous les villages environnants, il y a des pirogues qui assurent la traversée tous les jours et en continu, de la rive gauche pour aller vers la rive droite, sans port de gilets. Le plus grave, parfois avec des pirogues sans aucune sécurité. La traversée Dakar-Gorée s'effectue quotidiennement, sans aucun port de gilets de sauvetage, même si l'on fait savoir que la chaloupe en dispose. Non sans rappeler qu'à la suite du naufrage du bateau Le Joola, la catastrophe maritime la plus meurtrière de l'histoire de la navigation maritime dans le monde, en termes de pertes en vies humaines, devant le Titanic, ave 1863 victimes officielles, la discipline était revenue pendant quelque temps. Mais aujourd'hui, tout le monde constate le spectacle qui s'offre à nous dans les transports publics.

AUCUNE PLAGE NE SEMBLE INTERDITE, EN REALITE

Parmi les interdictions sans effet au Sénégal, on ne peut pas ne pas évoquer la baignade dans les plages dont l'accès est interdit. A chaque période de vacances scolaires, des Dakarois se rendent dans ces plages dangereuses, surtout en période de chaleur, et au prix de leurs vies. Et, face à l'insouciance des baigneurs, de nombreux cas de noyade sont déplorés chaque année, surtout dans des zones pourtant classées dangereuses.

LE PERILE PLASTIQUE, UN COMBAT VOUE A «L'ECHEC»

Au-delà des mesures prises après la survenue de drames, d'autres qui sont prises et visant le bien-être des populations, sont également loin d'être respectées. Il s'agit, par exemple, de l'interdiction de sachets plastiques avec l'adoption de la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l'incidence sur l'environnement des produits plastiques. Malgré tout, le plastique continue d'être présent sur le marché, réduisant à néant le combat contre le péril plastique qui demeure toujours. Des sachets d'eau vidés de leurs contenus et jetés à tout-va, visibles partout, dans les coins de rues, gares routières, arrêts-cars, marchés, espaces publics et autres. Des sachets à bretelles volants ou accrochés à des herbes ou se mêlant à des bouteilles en plastique et autres déchets solides et liquides dans les caniveaux à ciel ouvert. C'est le triste décor dans la capitale, Dakar et son agglomération, les grandes villes et les villages intérieurs ; bref, un peu partout dans le pays.

LE TABAC SE FUME PARTOUT ET ENFUME TOUS

Entrée en vigueur en juillet 2016, la loi interdisant de fumer dans les lieux publics, la vente de tabac aux mineurs tout comme la commercialisation de cigarettes à moins de 200 mètres d'une école ou d'un hôpital ainsi que la publicité ou encore le sponsoring, est loin d'être appliquée dans son entièreté. Des usagers continuent de fumer au vu et au su de tout le monde dans ces espaces recevant du monde, sans en être inquiétés. Enfumant les non-fumeurs qui souffrent beaucoup des méfaits du tabac. En plus des lieux publics, les bureaux, des restaurants, des hôtels, etc. où des espaces fumeurs devraient être aménagés, continuent à faire fi de ses interdictions. C'est le même constat pour la vente de la cigarette dans les boutiques, aux alentours des établissements scolaires. La désobéissance, c'est donc à tous les niveaux au Sénégal.

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