Afrique: Le Conseil d'administration du Fonds mondial salue la reprise dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme après les revers du Covid-19, et s'engage à augmenter les investissements dans des systèmes de santé résilients face au climat

GENÈVE — La cinquantième réunion du Conseil d'administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a eu lieu cette semaine à Genève. Deux mois après la publication du Rapport sur les résultats du Fonds mondial, les membres du Conseil d'administration ont salué les progrès sans précédent réalisés dans la lutte contre les trois maladies en 2022 et les investissements importants effectués pour renforcer les systèmes de santé à travers le monde, notamment la reprogrammation des fonds provenant de la riposte du Fonds mondial à la pandémie de COVID-19. Ils ont toutefois exprimé des préoccupations quant aux défis grandissants liés au changement climatique, aux conflits et à l'érosion des droits humains, qui nuisent à la capacité du partenariat à mettre fin aux trois maladies d'ici 2030.

« Face à des crises qui s'entrechoquent, le partenariat du Fonds mondial doit s'appuyer sur la résilience et l'agilité qui ont sous-tendu son succès jusqu'à présent, a déclaré Lady Roslyn Morauta, présidente du Conseil d'administration du Fonds mondial. Nous devons également tirer parti de notre flexibilité pour mieux soutenir les pays touchés par des crises humanitaires. Pour se remettre sur la voie de l'atteinte des cibles mondiales, le Fonds mondial doit continuer à encourager un engagement significatif de la société civile et des communautés, et ainsi renforcer notre modèle de gouvernance du partenariat inclusif et dirigé par les pays. »

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« Le monde est pris dans la tourmente, a reconnu le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, dans son allocution au Conseil d'administration. Mais nous continuons à produire un impact extraordinaire. L'augmentation remarquable de l'espérance de vie dans la majeure partie du continent africain, la baisse rapide des taux d'infection et de mortalité des trois maladies et les importantes avancées dans les capacités des systèmes de santé dans un grand nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire sont largement redevables du travail du partenariat du Fonds mondial. Dans un monde qui semble se déshumaniser, le Fonds mondial demeure un puissant porte-parole de la solidarité mondiale. »

Peter Sands a souligné l'ampleur sans précédent des investissements du Fonds mondial dans les systèmes de santé, y compris les soins de santé primaires, les systèmes communautaires et le suivi dirigé par la communauté, et rappelé l'importance des investissements consentis pour améliorer l'accès à l'oxygène médical. « Nos investissements dans l'oxygène démontrent à quel point le Fonds mondial peut transformer les infrastructures et les capacités des systèmes de santé, précise-t-il. L'accès à l'oxygène médical sera un tournant dans plusieurs pays, qui disposeront de meilleures capacités pour sauver des vies. »

À quelques jours de la COP 28 - qui abordera pour la première fois les impacts du changement climatique sur la santé - les membres du Conseil d'administration ont observé que les catastrophes climatiques affectent de manière disproportionnée les pays à revenu faible ou intermédiaire ayant une charge de morbidité élevée, un système de santé fragile, un contexte politique instable ou une situation de conflit. Ce sont les communautés ayant le moins contribué aux émissions de carbone qui sont le plus exposées aux risques. Les membres du Conseil se sont engagés à appuyer les actions du partenariat visant à adapter les programmes aux impacts du changement climatique, à bâtir des systèmes de santé résilients face au climat et à intervenir en cas de catastrophe climatique. Notant que le changement climatique est un élément central de la stratégie du Fonds mondial, le Conseil observe qu'à l'heure actuelle, plus de 70 % des ressources du Fonds mondial sont investies dans les 50 pays les plus vulnérables au climat. Ces pays représentent 87 % de la charge mondiale du paludisme et des allocations du Fonds mondial engagées contre cette maladie.

« Le changement climatique fait planer une grave menace sur la réalisation de la mission du Fonds mondial et sur les pays, les communautés et les personnes vulnérables qui sont au coeur de notre stratégie, a affirmé Bience Gawanas, vice-présidente du Conseil d'administration du Fonds mondial. La riposte au changement climatique n'est pas un élargissement de la mission du Fonds mondial, mais bien une réponse à un changement contextuel sans précédent pour la vie humaine et animale sur Terre qui affectera la plupart des aspects du travail de notre organisation. »

Les membres du Conseil d'administration ont réitéré leur crainte que le changement climatique, conjugué à la résistance aux médicaments et aux insecticides, mette en danger immédiat les efforts d'élimination du paludisme. Pour donner suite à sa décision [ télécharger en English ] , en mai dernier, d'accroître l'appétence au risque des interventions de lutte contre le paludisme afin d'en améliorer la faculté d'adaptation, le Conseil d'administration a approuvé des modifications à la déclaration d'appétence au risque pour le paludisme, qui permettront d'apporter, avec plus de flexibilité, d'éventuels changements à ces interventions au regard du paysage des risques, des progrès réalisés contre la maladie et du financement à venir.

Alors que les pays s'apprêtent à mettre en oeuvre leurs nouvelles subventions dès janvier 2024, les membres du Conseil d'administration ont discuté en profondeur la politique du Fonds mondial en matière de pérennité, de transition et de cofinancement, à commencer par le financement national. Ayant pris acte des contraintes budgétaires et financières auxquelles font face de nombreux pays, le Conseil d'administration a manifesté son soutien à la recherche de modes de financement innovants en approuvant l'approche mise à jour du Fonds mondial en matière de financement mixte. Avec cette approche, le Fonds mondial pourra envisager de former des alliances avec des partenaires de financement mixte autres que la Banque mondiale dans le but de renforcer le financement des systèmes de santé et des ripostes nationales aux trois maladies en adéquation avec les objectifs de sa stratégie. L'ambition est de débloquer des investissements additionnels allant jusqu'à 300 millions de dollars US. Le Conseil a réitéré que cette approche nécessitait un suivi rapproché, et insisté pour la mise sur pied d'un processus périodique de suivi, d'évaluation et de rapport couvrant l'élaboration, l'examen, l'approbation et la mise en oeuvre des opérations de financement mixte. En outre, les circonscriptions du Conseil d'administration ont accueilli favorablement l'approche proposée par le Fonds mondial pour un renforcement du cofinancement des trois maladies mettant l'accent sur l'appropriation par les pays et la qualité des données, tout en tenant compte avec réalisme des défis macroéconomiques.

Le Conseil d'administration a également approuvé le budget de fonctionnement 2024, qui vise à accélérer l'exécution des programmes de base du Fonds mondial dans les limites du budget triennal prévu pour le cycle de subvention courant.

La réunion a été clôturée sur une note positive, avec l'annonce par le Luxembourg d'une nouvelle promesse de don de 750 000 euros, portant le total de la contribution du pays pour la période 2023-2025 à 15,45 millions d'euros, soit une augmentation de 70 % comparativement à sa contribution précédente.

Au cours de cette réunion de trois jours, le Conseil d'administration a salué et félicité à plusieurs reprises les partenaires dans les pays, ainsi que le personnel du Secrétariat du Fonds mondial, pour leur travail acharné, leur professionnalisme, leur dévouement et leurs réalisations.

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