« Quiproquo », « imbroglio », « écheveau à démêler » ou encore « scandale », beaucoup de commentaires ont émaillé la première semaine de la session budgétaire au Parlement camerounais. Rien à voir pourtant avec le projet de loi de finances à adopter, il s'agit de la confusion autour du poste de directeur de cabinet du président de l'Assemblée, de documents contradictoires et de soupçons de falsification de cachet officiel. Une affaire qui vient s'ajouter aux allégations de malversations concernant l'institution et à des propos polémiques dudit directeur de cabinet.
Il y a neuf jours, au journal de 17h de la radio-télévision nationale camerounaise (CRTV), le jeudi 9 novembre, le limogeage de Boukar Abdourahim est annoncé. Ainsi que son remplacement au poste de directeur de cabinet du président de l'assemblée par Kamsouloum Elhadji Hachimi. Daté du même jour, un autre communiqué circule sur les réseaux sociaux pour démentir ce limogeage.
« Aucun changement »
On peut y lire que « le président de l'assemblée du Cameroun porte à la connaissance de l'opinion publique (...) qu'il n'a procédé ce jour à aucun changement au sein de son cabinet. Des individus sans foi ni loi ont imité sa signature et fabriqué des cachets pour (...) une entreprise de déstabilisation ». Les auteurs sont qualifiés de « bandits de grand chemin » et le communiqué déclare qu'ils seront « traqués ». En bas du texte signé, le nom du président de l'assemblée, Cavayé Yeguié Djibril.
Des communications contradictoires, toutes deux attribuées au président de la chambre basse du Parlement camerounais. Même si le poste de directeur de cabinet est sans lien avec le travail législatif, l'affaire provoque un malaise chez certains députés.
« Nous aimerions tous que cette situation soit démêlée »
L'opposant Cabral Libii, président du PCRN, candidat déclaré troisième à la présidentielle de 2018 qualifie cette actualité d'« infamante ». « Depuis des mois, dit-il, nous avons textes et contre-textes, communiqués et contre-communiqués et le président de l'Assemblée n'en dit pas un mot ». Du côté du parti majoritaire, un conseiller auprès du secrétaire général du Comité central du RDPC dit suivre cela avec attention. « C'est une affaire qui concerne le président de l'Assemblée et son directeur de cabinet. Nous espérons qu'elle ne portera pas atteinte au travail parlementaire proprement dit. »
« Nous aimerions tous que cette situation soit démêlée et que le vrai du faux de la circulation des documents soit établie », ajoute Patrick Rifoe, communicant du parti. Contactée, la cellule de communication de la présidence de l'Assemblée nationale camerounaise n'a pas répondu pour le moment à nos questions.