Ile Maurice: Les mules sont de toutes nationalités

18 Novembre 2023

L'arrestation d'une bolivienne lundi braque à nouveau les projecteurs sur les passeurs de drogue. S'il restent majoritairement africains, d'autres tendances se dessinent.

Lundi, l'équipe de la brigade antidrogue basée à l'aéroport a arrêté une Bolivienne, Ercilia Parada Saucedo, âgée de 30 ans, après que la Customs Anti Narcotic Section (CANS) de la Mauritius Revenue Authority a découvert qu'elle transportait, dans la doublure intérieure (inner lining) de sa valise, 2,03 kg d'une poudre, soupçonnée d'être de la cocaïne.

Cette Bolivienne, originaire de Santa Cruz, qui se dit reporteur, est arrivée, lundi, sur le vol d'Emirates EK 701 en provenance de Dubaï. Elle avait pris l'avion du Brésil pour gagner Dubaï et de là prendre un autre vol pour Maurice. Lors des examens de détection à l'aéroport de Dubaï, la trentenaire a pu faire passer son bagage sans se faire prendre. C'est une fois arrivée à Maurice que les éléments de la CANS se sont interrogés sur le choix de voyage de cette Bolivienne.

Il faut dire qu'on ne reçoit pas beaucoup de touristes de la Bolivie à Maurice. La jeune femme, qui voyageait seule, avait récemment obtenu son passeport, soit depuis le 29 septembre. Et Maurice était sa première destination de voyage. Elle a dû débourser presque Rs 100 000 pour son billet d'avion en classe économie. Lors de son arrestation, Ercilia Parada Saucedo s'est exprimée en anglais, racontant qu'un homme lui a remis la valise avant son départ de son pays natal et qu'elle ignorait ce qui se trouvait à l'intérieur.

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Tout comme elle , plusieurs autres passeurs se sont fait prendre avec de la drogue. Mais ce qui intrigue davantage les éléments de la CANS, ainsi que les limiers de l'ADSU, c'est la nationalité des mules transportant de la drogue dans notre pays. Si, au cours des dix dernières années, ce sont surtout les Africains qui étaient payés pour le faire, maintenant la tendance a commencé à s'inverser. «Nous avons commencé à avoir des Européens. Ce sont eux qui ont introduit le Subutex à Maurice. Ce médicament de sevrage à l'usage détourné était considéré comme une alternative à l'héroïne. Nous avons aussi eu des Scandinaves, qui ont été arrêtés, ainsi que des Malgaches. Mais les Africains sont toutefois majoritaire», explique une source.

De 2022 à ce jour, sur les 16 mules qui se sont fait prendre avec de la drogue, 11 sont Africains et les cinq autres sont de différentes nationalités, notamment deux Français, un Ukrainien, un Mauricien, ainsi que la Bolivienne. Les mules arrêtées ont entre 22 ans et 65 ans. Huit mules avaient avalé leurs doses d'héroïne tandis qu'un Ougandais de 37 ans a transporté de l'héroïne dans l'une de ses semelles de sandalettes. Six mules ont transporté diverses drogues dans leurs valises, notamment un Ukrainien de 27 ans, arrêté avec des Cannabinoids dans une bouteille se trouvant dans sa valise, un Français de 22 ans qui a transporté du haschisch, un autre Français de 59 ans, qui a transporté du cannabis, ainsi que deux Sud-Africains de 41 et 65 ans, qui ont transporté du cannabis et de l'héroïne. Un Mauricien de 29 ans avait lui mis du cannabis dans des papiers d'emballage de chocolats.

Une autre personne au niveau de l'aéroport explique que le nombre de mules, qui sont appelées à transporter de la drogue dans leur estomac, a considérablement diminué car le scanner corporel est considéré comme un moyen de dissuasion. «Il y a aussi une tendance à utiliser des personnes à la peau claire comme mules, ainsi que ceux qui ne sont pas trop jeunes. Il y a aussi une augmentation des mules qui dissimulent de la drogue dans leurs valises», nous explique-t-il. On nous fait comprendre que c'est un accord entre les mafias internationales et celle de Maurice qui permet d'avoir accès à diverses drogues. «La demande et l'offre se déroulent entre eux, c'est à ce moment-là que l'exportateur cherche une mule».

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