Afrique: Qui influence qui ?

Influenceur, influenceuse. Ce métier propulsé par l'Internet gagne en notoriété à mesure que s'élargissent les fenêtres de la communication sociale et, pour diverses raisons, les besoins de ceux qui s'en servent au quotidien. Nous sommes entrés dans un monde où il est impossible, désormais, à titre individuel ou collectif, de dissimuler quoi que ce soit : violences en tous genres, injustices vraies ou supposées, actes de corruption avérés ou non, solitude, silence, richesse, pauvreté, tout est balancé sur la toile.

Dans ces échanges tous azimuts, balisés par les réseaux sociaux, s'est incrusté le relayeur d'opinion. Il expose qu'à telle « vérité » vous pouvez croire, pas à telle autre ; que tel produit est meilleur pour votre santé, votre confort, contrairement à tel autre. Tant que son média ou son blog engrène des suffrages, l'influenceur prend conscience de sa « légitimité » et se félicite d'avoir atteint sa cible. A l'exemple d'un petit dictateur célébré par ses inconditionnels, il répète avant et après sa publication : « Abonnez-vous, n'oubliez pas de cliquer sur le bouton tout en haut de l'écran pour ne pas rater les meilleures nouvelles sur l'état du monde ».

Des questions de société à celles portant sur l'économie, la culture, les moeurs, la religion, le sport, la diplomatie et la politique, les influenceurs sont en ordre de bataille. Ils ont investi un champ tellement vaste que le monde dans lequel nous vivons, fort de ses bonheurs et ses déboires, n'en finit pas de leur servir de la matière sur un plateau d'or. Très actifs et s'estimant dans leur bon droit, ces nouveaux « leaders d'opinion » n'imaginent aucune limite à leur action. Et que l'on décide de les fréquenter ou non, il est quasi impossible de ne pas les subir directement ou indirectement.

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A bord d'un moyen de transport en commun qu'importe le type, la concentration est visible chez tout un chacun : on a les yeux rivés sur son téléphone, on navigue, on s'écrie, on se réjouit, on s'indigne. Le constat est irréfutable. Les influenceurs sont réellement aux commandes à travers le flot d'informations qu'ils relayent, les analyses qui les accompagnent, et l'orientation des consciences qu'ils fabriquent et entretiennent à volonté. Sont-ils toujours aussi pertinents ? La question reste posée.

Quand un influenceur revendique un nombre incalculable de followers, de contacts ou amis, cela tient au fait que lui-même vit sous l'influence de ses abonnés. Même s'il est rétribué en fonction du nombre de ces derniers, c'est à un match à peu-près nul que l'on assiste, à savoir : tu m'influences, je t'influence. A condition pour le « guide » de savoir être crédible sur le long terme, et pour le consommateur de garder de la lucidité.

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