Afrique de l'Ouest: Dr Thierno Birahim Aw, Directeur général du Cetud – « Le Sénégal est à l'ère des transitions énergétiques, numériques pour faire face à l'urgence climatique »

Dr Thierno Birahim Aw, Directeur général du Cetud
20 Novembre 2023

« Nous devons puisez sur tout le potentiel que nous offre le numérique pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, et faire d'une mobilité intelligente », a annoncé Dr Thierno Birahim Aw, Directeur général du Conseil Exécutif des Transports Urbains Durable (Cetud) dans un entretien accordé à Allafrica.com. C'était lors du Digital African Tour qui s'est tenu les 16 et 17 novembre 2023 à Dakar.

Quel sera l'impact du Bus Rapide Transit (BRT) sur les populations de Dakar ?

Le Bus Rapide Transit est un projet très structurant du Plan Sénégal Emergent (PSE), donc ça a un impact à tous les niveaux notamment sur nos objectifs de croissance durable, à la fois au niveau économique par les gains de temps que ça génère mais aussi les gains par la réduction des externalités négatives liées aux transports routiers qui nous coûtent 10% de PIB régional, soit près de 900 milliards de francs CFA.

Les gains de temps seront réels entre Guédiawaye et dans ces axes-là qui sont les plus congestionnés et les plus denses de Dakar. Les gains sont aussi environnementaux. Comme vous le savez, nous sommes allés sur des technologies de bus électriques zéro émission polluante. Le chef de l'État a eu l'ambition de demander à ce que les bus soient alimentés à l'énergie solaire. C'est une première mondiale et nous allons économiser 52000 tonnes de CO 2 par an sur la durée de la concession.

C'est extrêmement important, parce qu'aujourd'hui, relativement à l'urgence climatique, nos villes doivent être résilientes et la pollution de l'air ça tue. C'est aussi une solution pour la santé des hommes et de l'environnement. Et enfin, je dirais impact social. C'est sûr, nous cherchons l'inclusion sociale par l'amélioration de la qualité de notre service public de transport urbain, faire de sorte à ce que les revenus moyens et les revenus les plus élevés puissent partager des modes de transport qui offrent la régularité, le confort, et la sécurité, c'est ça le TER (Train Express Régional) et le BRT. Et par ailleurs, ça crée 1000 emplois directs. 1000 emplois pour les jeunes, pour les femmes qui vont permettre de contribuer effectivement à la construction de ce Sénégal que nous aimons tant.

Combien de passagers le BRT desservira par jour ?

Nous attendons à la montée en charge quand le BRT aura déployé tous ses services avec ses 121 bus électriques, près de 300 milles voyageurs par jour, c'est extrêmement important et vous verrez qu'avec ces bus climatisés, il y aura un réel impact sur la réduction de la congestion dans ces axes-là.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que le Sénégal a pris une bonne trajectoire avec des changements de paradigme qui s'opèrent en donnant priorité au transport capacitaire. Ce sont les solutions qui vont avec les temps modernes, qui sont les solutions adaptées aux grandes villes et donc l'objectif pour nous, c'est que la majorité des Sénégalais, la majorité des populations dakaroises, ce qui aujourd'hui pratiquent la marche à pied et utilisent les transports collectifs comme moyen de transport, même si le réseau est très congestionné par les véhicules individuels, mais qu'on leur donne la possibilité d'utiliser un transport collectif qui répond à leurs attentes et qui correspond à nos ambitions d'émergence.

Pensez-vous que le BRT sera un moyen de désengorger la ville de Dakar de ces embouteillages ?

On ne peut pas dire que ça va désengorger tout Dakar, mais le BRT, le TER combiné au projet nouveau qu'on va implémenter de restructuration du réseau de transport en commun avec 1000 bus qui vont être mis en service à l'horizon 2026, des bus gaz et électriques, il y aura un réel impact sur la réduction de la congestion.

En attendant, il faudra encore travailler à réguler les modes artisanaux de transport. Il faudra travailler à augmenter la capacité de nos infrastructures routières, mais y a un plan de mobilité urbaine durable à l'horizon 2035 phasé qui va apporter des solutions concrètes avec la promotion des modes actifs naturellement, le vélo, la marche à pied, mais surtout les transports collectifs sur site propre pour inverser la tendance de l'automobilité et réduire la congestion automobile par conséquent.

Tout à l'heure, vous avez parlé de Smart Mobility Center, quel sera son rôle ?

Dans le cadre du projet BRT, on a financé, parce qu'il faut de l'intelligence au système de transport en centre de gestion de la mobilité urbaine, une Smart Mobility Center qui sera à Grand-Médine et qui sera le cerveau en fait de gestion, de régulation de l'ensemble du système de transport routier dakarois.

Donc c'est combiné avec des systèmes d'information des voyageurs, des systèmes d'aide à l'exploitation, mais aussi des feux que vous envoyez autour du BRT et des feux tricolores que nous allons étendre pour donner aussi de l'information à temps réel aux voyageurs, pouvoir agir en cas de contrainte sur le réseau. Par exemple, sur les axes en période hivernale, quand il y a parfois des inondations, il faut que l'information soit disponible ou des accidents par ailleurs, quand ça arrive et ça amène de la congestion.

Comprenait simplement que c'est le lieu de centralité, de concentration de l'ensemble des données que nous allons analyser pour les rendre utilement à nos usagers, pour qu'ils puissent mieux planifier leurs déplacements, gagner du temps avec des systèmes de transport moderne. C'est pour ça d'ailleurs qu'on a financé, à travers le BRT, un master Smart mobilité, transport et mobilité intelligente avec trois grandes écoles comme l'Ecole polytechnique de Thiès, l'Ecole supérieure polytechnique et l'ESNT. Cette formation va produire ses premiers ingénieurs qui seront demain les employés de la mobilité intelligente.

Quel message passez-vous aux futurs usagers du BRT ?

Le Sénégal fait des grands pas et nous sommes tous contributeurs de la construction de cet Etat. J'invite ainsi toute la population sénégalaise à faire de ce projet leur bien. C'est un patrimoine sénégalais qu'il faut accompagner, protéger et je suis persuadé qu'avec l'adhésion que nous avons eue jusqu'ici pour la libération des emprises pour l'implémentation du projet il y aura le même succès que le TER. Ce même succès reconnu à l'échelle internationale, nous pouvons ainsi être fier de ce qui est en train de se faire au Sénégal.

 

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