Congo-Kinshasa: Les électeurs divisés au début des campagnes présidentielle, législatives et provinciales

Félix Antoine Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo

En République démocratique du Congo, dimanche 19 novembre marque le début de la campagne électorale pour les scrutins prévus le 20 décembre prochain : présidentielle, législatives et provinciales. Pour la magistrature suprême, 26 candidats sont en lice, soit autant de caravanes de campagne qui vont se mettre en route dans tout le pays. Objectif : convaincre les 44 millions d'électeurs.

« Effectivement, on sait que les choses commencent demain » : Comme Cédric, croisé samedi 18 novembre au centre-ville de Kinshasa, nombreux se sont ceux qui évoquent la campagne électorale. L'occasion de pouvoir faire le choix entre les 26 candidats.

« On attend que chaque candidat puisse présenter son projet de campagne et son projet de gouvernance, et on va voir, on va réfléchir par rapport à ce que chacun dira, on va voir qui choisir. »

Un peu plus loin, Peter est en plein travail : il est régulateur pour une compagnie de bus et dit être très enthousiaste à l'approche des élections. « Cela nous fait du bien parce que ça fait avancer le pays, cela prouve que le pays a la démocratie, le pays va avancer et tout ira mieux. Je suis très très confiant. »

Alice, une jeune étudiante, nous dit qu'elle va suivre la campagne, mais elle veut avant tout un scrutin transparent : « très vigilante, surtout sur le point du choix. J'insiste sur mes camarades de l'être parce qu'on ne peut pas choisir des gens, des dirigeants qui vont venir mais qui ne sont pas là vraiment pour diriger. Parce que quand les dirigeants viennent par fraude c'est vraiment un danger pour nous. Ils viennent par leurs propres intérêts. Mais quand les dirigeants gagnent vraiment leurs voix dans la droiture, c'est différent. »

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En attendant, si tous ont dit avoir leur carte d'électeur, ils ne sont pas encore surs d'aller voter le 20 décembre.

Les présidentiables sur la ligne de départ à Kinshasa et ailleurs

Aux quatre coins du pays, les présidentiables sont sur la ligne de départ. Pour le pouvoir en place, le président Félix Tshisekedi a décidé de commencer dans la capitale à Kinshasa pour un grand meeting dimanche 19 novembre au Stade des martyrs. Ses principaux challengers seront eux en province : Moïse Katumbi est attendu à Kisangani, Martin Fayulu sera lui dès ce week-end à Bandundu dans son fief.

Impossible d'énumérer le programme de campagne des 26 candidats, mais ils seront plusieurs à se rendre d'abord à l'est du pays, dans une zone en proie aux conflits. Cela notamment dans le Nord-Kivu où les territoires du Rutshuru et du Masisi ne vont pas pouvoir voter en raison de la présence de la rébellion du M23.

Il n'y a pas que les candidats présidents qui vont battre campagne : les prétendants aux postes de députés provinciaux et nationaux sont aussi de la partie. Ce n'est pas un détail puisque plus de 23 000 candidatures ont été enregistrées et ce uniquement pour les législatives du 20 décembre.

La Céni répond à l'opposition et clarifie

Alors que la campagne qui doit durer un mois, jusqu'au triple scrutin du 20 décembre prochain, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a tenu à faire quelques clarifications. Par la voix de son président, la Céni a tenu à répondre à une partie de l'opposition. Concernant le fichier électoral : la commission dit en être au règlement des contentieux, mais que la liste définitive des électeurs sera bien affichée 15 jours avant le vote, comme le stipule la loi. Cela au niveau des centres de vote.

Autre moyen pour un électeur de vérifier son inscription : une application va être lancée. Elle doit s'appeler Céni Mobile et doit permettre de faire remonter les irrégularités.

Les candidats de l'opposition demandaient aussi l'organisation d'une nouvelle rencontre avant le début de la campagne. « Le calendrier ne le permet plus », répond Denis Kadima, qui ajoute que les canaux de discussions formels et informels restent néanmoins ouverts. Le président de la Céni veut aussi rassurer à un mois du scrutin : « il n'y a pas de retard sur le déploiement du matériel », et invite enfin les candidats à « se préoccuper plus de leur campagne électorale ».

L'opposition peine à trouver un accord pour une candidature comune, Fayulu se détache des discussions Alors que les 26 candidats à la présidentielle commencent leur campagne, Au cours d'une réunion de cinq jours à Pretoria cette semaine, les représentants de quatre candidats de l'opposition ont discuté de la formation d'une coalition. Matata Ponyo, Delly Sesanga, Moise Katumbi et Denis Mukwege pourraient éventuellement aboutir à la désignation d'un candidat commun. Mais lors de cette réunion, Martin Fayulu, représenté par ses délégués, s'est retrouvé en position minoritaire. Il a depuis initié une dynamique différente avec d'autres candidats.

Cette semaine a été marquée par une intensification des activités au sein de l'opposition. Mais l'unité espérée semble encore loin d'être atteinte.

Par exemple, les délégués de Martin Fayulu ont vivement critiqué le déroulement de la réunion tenue à Pretoria, pointant du doigt Matata Ponyo, Delly Sesanga, Moise Katumbi et Denis Mukwege, qu'ils accusent d'avoir orchestré une entente visant à affaiblir la candidature de Martin Fayulu.

Ils déclarent avoir été piégés dans ce qu'ils qualifient de « guet-apens » élaboré depuis Kinshasa.

En parallèle, Martin Fayulu évolue dans une nouvelle dynamique regroupant d'autres candidats, réunis encore samedi 18 novembre. L'objectif affirmé par celle-ci est de former une coalition visant notamment à dénoncer les possibles irrégularités du processus électoral. Dans cette nouvelle dynamique, ils envisagent plusieurs actions, dont éventuellement le dépôt d'une plainte contre la Commission électorale, qu'ils accusent de violer certains aspects de la loi, notamment sur la composition du fichier électoral.

Une déclaration publique est attendue pour au plus tard lundi.

Outre Martin Fayulu, on compte au sein de cette nouvelle tendance des personnalités telles que Théodore Ngoyi, Jean-Claude Baende, Joelle Bile, ainsi que des représentants de Denis Mukwege, ce dernier étant également impliqué dans la dynamique de Pretoria.

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