Une tentative de franchissement de la barrière séparant le Maroc du préside occupé Sebta avortée
Un millier de migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont tenté, vendredi dernier, de traverser la clôture séparant le préside occupé de Sebta du reste du Maroc. Ils étaient organisés en plusieurs groupes et se sont dirigés vers trois points différents : au nord de la ville, près du quartier de Benzú, au sud, à proximité de la plage de Tarajal, et plus à l'est, dans la zone de Finca Berrocal. Bien que la plupart d'entre eux aient été arrêtés par les forces de l'ordre marocaines, environ une centaine ont réussi à s'approcher de la barrière extérieure de Sebta, certains parvenant même à l'escalader sans la franchir, selon la Guardia Civil espagnole.
Tentative avortée
« Selon les informations recueillies sur place, il s'agit d'une tentative avortée de franchissement de la barrière séparant le préside occupé de Sebta du reste du Maroc, opérée vendredi dernier vers 13h30, par des centaines de migrants subsahariens. En effet, il y a eu une grande mobilisation des autorités marocaines et espagnoles. Selon nos sources, il y a eu plusieurs arrestations parmi les candidats à la migration. Certains ont été refoulés vers le sud. On compte sept autocars remplis de migrants partis vers la ville de Tinghir », nous a indiqué Omar Naji, président de l'AMDH - section Nador.
De son côté, l'agence de presse espagnole EFE a révélé, selon certains témoins, que cette tentative a eu lieu vers 11 heures, lorsqu'environ 700 immigrants - selon les estimations de la police - se sont approchés de la zone de Benzú, où ils ont été repoussés par les forces de l'ordre espagnoles avant de se diriger vers le passage sud de Tarajal, où ils ont essayé d'accéder à la barrière. Pour leur part, les forces de l'ordre marocaines ont dû déployer toutes leurs troupes en réussissant dans un premier temps à empêcher quelque 400 immigrants à descendre la montagne qui donne accès à la clôture, bien que 300 autres aient réussi à surmonter cet obstacle et à s'approcher de ladite clôture. La Gendarmerie Royale, avec l'appui d'un hélicoptère, a réussi à contenir les immigrants sans qu'aucun d'entre eux n'arrive à franchir la clôture.
Pour la presse espagnole, il s'agit de l'une des tentatives d'entrée les plus importantes au cours des derniers mois, au vu du nombre de migrants mobilisés. Sachant que, dans les temps normaux, les tentatives de franchissement comptent entre 100 et 200 personnes.
Usage de la violence
Concernant le nombre de blessés, Omar Naji nous a précisé qu'il reste inconnu alors que certains médias évoquent 50 blessés parmi les agents de la force publique et 30 parmi les migrants, selon une source autorisée à la préfecture de M'diq-Fnideq. Ils avancent aussi, en relayant toujours les déclarations des mêmes responsables, que lesdits candidats à la migration ont eu « recours à une violence excessive en utilisant des armes blanches lors de leur tentative de franchissement des barrières ». « A ma connaissance, il y a eu effectivement usage de violence. Il s'agit de jet de pierres sur les forces de l'ordre. Concernant l'utilisation d'armes blanches, nous n'avons pas observé sur les vidéos diffusées des actes d'agression via ces armes», a fait savoir notre source.
Opération planifiée
Mais peut-on parler d'une tentative désespérée de la part de centaines de migrants qui ont perdu espoir après le resserrement et le renforcement des contrôles au niveau du nord du pays et la transformation de ce lieu en zone interdite ? « Non, il s'agit d'une tentative planifiée comme en témoigne le nombre élevé des candidats. Cela signifie qu'il y a eu préparation et planification auparavant », nous a répondu Omar Naji.
Et d'ajouter que cette tentative véhicule un message politique à l'égard de l'Espagne et de l'UE, indiquant que le Maroc joue un rôle central dans la gestion des flux des migrants et qu'il est un élément important dans l'équation migratoire.
Concernant la situation à Sebta, notre interlocuteur nous a indiqué qu'elle ne correspond pas à celle en vigueur à Mellilia où il y a une forte surveillance et un contrôle au niveau de la ville de Nador et ses environs. « Les forêts ont été vidées des migrants. Pour ceux qui ont réussi à rester, les forêts se trouvent loin des barrières. L'accès à la ville ainsi que le transport vers la cité sont quasiment interdits aux migrants. Il y a uniquement les jeunes Marocains qui tentent leur chance à partir de cette ville», a-t-il conclu.
Hausse et déclin
A rappeler, cependant, que la route migratoire passant par le Maroc a enregistré une diminution importante par rapport à d'autres comme celle du centre de la Méditerranée qui a connu le passage de plus de 50.300 migrants au cours des cinq premiers mois de 2023, selon l'agence Frontex. Il s'agit du double du nombre d'entrées détectées de migrants dans l'UE par rapport à l'an dernier pour la même période.
En tout, le nombre d'arrivées signalées à Frontex entre janvier et fin mai a été de 102.000, soit 12% de plus que pour la même période de l'année dernière. La deuxième route la plus active est celle des Balkans de l'ouest, avec plus de 30.700 entrées - soit 25% de moins qu'un an plus tôt. Toutes les autres routes, sauf celle de la Méditerranée centrale, ont également enregistré des déclins, allant de - 6% pour la Méditerranée occidentale à - 47% pour la route d'Afrique de l'Ouest.
Ces déclins sont principalement dus «à la longue période de mauvais temps, qui rendait des voyages toujours dangereux encore plus risqués». Mais la pression migratoire reste «élevée», et «on peut s'attendre à un regain d'activité des passeurs dans les mois qui viennent», a conclu l'agence.