Africa Investment Forum 2023 - L'intégration des marchés de capitaux en Afrique est une nécessité pour répondre aux besoins de financement

De gauche à droite : Matthias Naab, directeur du Centre de services pour la région Afrique du PNUD ; Claver Gatete, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique ; Sahle-Work Zewde, présidente de l’Éthiopie (à gauche), lors de la Conférence économique africaine 2023, à Addis-Abeba.
17 Novembre 2023
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

De gauche à droite : Karabo Morule, fondatrice de Amara Strategic Investments ; Alexandre Kateb, fondateur du cabinet The Multipolarity Report ; Mohamed El Kettani, président-directeur général de Attijariwafa bank ; Papa Ndiaye, directeur général de AGIF Funds ; et Wilmot Allen, fondateur et directeur général de VentureLift Africa, participent au panel sur les marchés de capitaux à l'Africa Investment Forum le 10 novembre 2023 à Marrakech.

Face aux besoins toujours croissants des pays africains dans de nombreux secteurs, les marchés de capitaux jouent un rôle essentiel dans la mobilisation des investissements sur le continent.

Cependant, ils sont confrontés à de nombreux défis, notamment en raison de la taille modeste et la faible capitalisation des places boursières, et des faibles niveaux de liquidité, ont constaté des professionnels du secteur financier réunis, vendredi à Marrakech, dans le cadre des Market Days 2023 de l'Africa Investment Forum (8-10 novembre).

A l'occasion d'une session intitulée « Marchés de capitaux : mobiliser l'investissement pour une croissance transformationnelle », les panélistes ont reconnu néanmoins de nets progrès réalisés ces dix dernières années dans l'accès aux services financiers, en particulier mobiles, et dans le développement des marchés financiers. Mais il reste beaucoup à faire pour développer le financement à long terme sur le continent.

« Il y a un problème de confiance des investisseurs à l'égard de l'Afrique. Tout est lié au risque ou à la perception du risque encouru. Par exemple, au troisième trimestre de l'année 2023, le financement des start-up africaines a chuté de 50 % sur un an », a concédé Mme Karabo Morule, fondatrice de Amara Strategic Investments en Afrique du Sud. « Cela étant dit, les bourses africaines ont des perspectives de croissance potentielle considérables. Il faut réfléchir à la meilleure façon d'encourager les investisseurs potentiels », a-t-elle ajouté.

« La mentalité des acteurs établis du secteur financier africain pèse sur sa capacité à se développer. Les banques traditionnelles sont très frileuses à l'idée de partager des données avec leur écosystème alors qu'elles ont tout à y gagner », a insisté M. Alexandre Kateb, fondateur du cabinet The Multipolarity Report.

Pour M. Mohamed El Kettani, président-directeur général du groupe marocain Attijariwafa bank, « le potentiel d'investissement est gigantesque en Afrique. Il est essentiel d'élargir les marchés de capitaux à partir de deux vecteurs : la confiance liée à la crédibilité des pays, et l'intégration régionale pour mettre fin à la fragmentation des places financières. »

Il faut mener des réformes macroéconomiques afin de réduire les risques (exemple : volatilité des devises), harmoniser les règlementations et établir une gouvernance institutionnelle et d'entreprise répondant aux exigences des marchés, selon M. El Kettani.

« L'intégration des marchés passe par une volonté politique forte, comme pour le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et le projet de l'Union africaine d'interconnecter les places financières du continent. La création d'une bourse continentale unique fait son chemin dans les esprits, mais pour attirer les capitaux internationaux, nous avons besoin d'une vision cohérente, d'une capacité d'intégration efficace et aussi d'agir rapidement », a-t-il exhorté.

Agir vite et de façon innovante, tel est le credo de M. Papa Ndiaye, directeur général d'AGIF Funds, un gestionnaire de fonds en capital-investissement dont le bureau principal se trouve à Dakar, au Sénégal : « Les marchés de capitaux, ce n'est pas pour les faibles d'esprit ! Il faut être audacieux et optimiser notre créativité. Il faut être également réaliste : l'intégration de ces marchés en une seule bourse intégrée est fondamentale », a-t-il appelé de ses voeux.

« On a besoin de champions qui donnent le tempo », a lancé M. Ndiaye en prenant en exemple la consolidation du secteur financier comme bouclier anti-crise et vecteur de croissance, à l'image de l'écosystème nigérian qui a vu émerger de grandes banques à l'échelle régionale.

Innover en Afrique à travers des véhicules financiers adaptés aux besoins de financement des entreprises est également une nécessité, selon M. Wilmot Allen, fondateur et directeur général de la société de conseil VentureLift Africa basée à Nairobi, au Kenya. « Mais on doit mener cette innovation entre Africains, avec l'apport de la diaspora qui contrôle plusieurs centaines de milliards de dollars d'investissement dans des fonds à l'étranger. Il faut réaliser l'africanisation des marchés de capitaux », a martelé M. Wilmot.

« Il est quand même curieux que l'Afrique, réservoir mondial de matières premières agricoles et de nombreux minerais précieux, ne dispose pas d'une bourse sur ces produits », a regretté le PDG d'Attijariwara bank. « La raison en est simple : nos marchés ne sont pas intégrés (...) Et tant qu'on est fragmenté, on n'avance pas ! »

Liquides, diversifiés et bien réglementés, les marchés de capitaux sont essentiels pour fournir des financements en monnaie locale aux États, aux acteurs du secteur financier et aux petites entreprises.

« Nous devons canaliser notre énergie à faire émerger des marchés de capitaux intégrés », a conclu M. El Kettani.

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