Afrique du Sud: A Johannesburg, la fermeture prolongée de la principale bibliothèque suscite le dépit

En Afrique du Sud, la fermeture prolongée de la Johannesburg City Library suscite dépit et incompréhension. La principale bibliothèque de la métropole conserve en effet ses portes fermées depuis mai 2021 pour des travaux sur une durée indéfinie.

À Johannesburg, principale ville d'Afrique du Sud, c'est la colère et l'incompréhension chez des résidents face à la fermeture prolongée de la principale bibliothèque publique de la métropole.

Le bâtiment, qui comporte plus d'1,5 million de livres, dont des collections spécialisées, est situé au coeur du centre-ville d'un « Joburg » laissé à l'abandon et qui a changé de maire cinq fois en 2 ans.

Après avoir déjà dû se vider de son public durant la pandémie de Covid, cette bibliothèque conserve ses portes fermées depuis mai 2021 pour des travaux sur une durée indéfinie.

Debout devant son bâtiment imposant et sa volée de marches, Arnold contemple ces portes closes. « Libri thesaurus animi », peut-on lire sur le fronton : « Les livres sont une chambre aux trésors pour l'âme. » Des trésors inaccessibles pour les 3 ou 4 prochaines années selon la municipalité. « Je découvre que c'est fermé, ça me brise le coeur, soupire Arnold. C'est l'une des plus vieilles bibliothèques de la ville. Et 4 ans, c'est vraiment long, pour les chercheurs, les enfants, ceux qui viennent faire leurs devoirs, il faut un lieu temporaire ».

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« En 2012, il y a déjà eu de grandes rénovations, et maintenant, il en faut de nouvelles ? »

Les résidents sont encouragés à aller chercher ces trésors dans d'autres bibliothèques alentours, alors que celle-ci compte habituellement plus de 250 000 membres.

La situation est incompréhensible pour Flo Bird, de la Johannesburg Heritage Foundation : « En 2012, il y a déjà eu de grandes rénovations, et maintenant, il en faut de nouvelles ? Il y a dedans des cartes magnifiques, les collections sont incroyables, et c'est à nouveau fermé pour toutes ces années ! »

La ville de Johannesburg a très peu communiqué sur le sujet, avançant des problèmes du système incendie, et de fuites au niveau du toit.

Charlie Molepo, président élu de l'association pour les bibliothèques et l'information (Liasa), craint aussi que les collections spéciales soient endommagées. « Certains ouvrages sont uniques, il n'existe pas de copies, insiste-t-il. Qui s'occupe de la conservation des collections pendant les travaux ? »

Une situation assez symptomatique pour le centre-ville de Johannesburg, alors que son principal musée d'art est lui aussi dans un piteux état.

Dans un périmètre d'un kilomètre autour de nous, il y a au moins 60 vendeurs de livres. Certaines boutiques sont immenses, avec des centaines de livres à l'intérieur, et d'autres sont de petits magasins où on peut acheter des frites ou un sandwich à emporter, et dans un coin on trouve une collection de livres d'occasion. Il y en a aussi qui vendent directement sur le trottoir, mais cela représente environ un tiers d'entre eux, la plupart louent un local au sein d'un bâtiment. Et ils ont des modèles économiques très étonnants. L'un d'eux vent des manteaux d'hiver, et des mémoires politiques. Une autre a un salon de coiffure, et propose aussi des livres scolaires et des Bibles. Je trouve ça intéressant que la demande soit si élevée au point que ces différents magasins décident de vendre aussi des livres, car cela peut leur rapporter de l'argent. On parle souvent de Johannesbourg comme étant une ville de crimes, et c'est sur que ce n'est pas l'endroit le plus sûr du monde, il ne faut pas se mentir, mais en même temps les gens recherchent de la lecture, plus d'éducation et de culture, et il existe un réseau très dense.

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