Ile Maurice: Ces «serial arnaqueurs» qui exigent le retrait d'espèces sans carte

20 Novembre 2023

Si vous choisissez de faire vos achats en ligne, notamment sur Facebook, attention aux dangers. La fin de l'année approchant, de nombreux Mauriciens effectuent des achats en ligne afin d'éviter la tâche désagréable de se déplacer dans plusieurs magasins en pleine chaleur. Mais cette période est aussi pain bénit pour les escrocs.

Ce qui aurait dû être une bonne expérience d'online shopping est devenu un cauchemar pour Jason* (prénom fictif). Il allait en profiter pour passer du temps au grand air. «Le mois dernier, sur Facebook, je suis tombé sur un post où des tentes de camping étaient à vendre. Le vendeur avait mis une photo de la tente pouvant abriter huit à dix personnes au coût de Rs 2 500. J'ai décidé d'en acheter deux pour Rs 5 000, car elles nous seraient utiles pour passer la journée en famille à la plage.» Après avoir discuté de disponibilité, couleurs et date de livraison, Jason était convaincu que c'était une aubaine. Mais il était loin de se douter que tout cela devait être un véritable piège.

Le vendeur, ou plutôt l'arnaqueur, a alors appliqué son modus operandi. «Il m'a donné un numéro de cellulaire et m'a demandé où je résidais. Lorsque je lui ai répondu, il m'a dit : 'Vous avez de la chance, nous livrons dans cette région aujourd'hui même. Veuillez effectuer le paiement total par retrait d'espèces sans carte (cardless cash withdrawal) sur l'application Juice à ce numéro et nous vous livrerons dans quelques instants'.» Cela a rendu Jason méfiant. D'autant que, lors d'achats en ligne, les vendeurs demandent un paiement par virement bancaire ou mobile. D'autres, pour assurer la transparence de la transaction, demandent aux clients de payer en espèces ou par Juice à la livraison

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«C'était bizarre. Mais je me suis dit que c'était sa façon de gérer ses affaires. Je lui ai cependant dit que je n'enverrai pas la somme totale. J'ai donc envoyé Rs 2 500 et lui ai dit que le reste serait envoyé à la livraison. Il était réticent, mais il a accepté», confie Jason. Après plusieurs heures d'attente, aucune livraison. Il a eu beau appeler le «vendeur», sans succès. Il a alors demandé à un proche d'appeler le numéro. Sans résultat. Le lendemain, Jason s'est rendu au poste de police de sa localité pour porter plainte.

«Il a bloqué mon numéro»

Jason ne serait pas le seul pigeon. Une dame qui avait également commandé une tente de camping a perdu Rs 1 500. «Il m'a dit la même chose. J'ai envoyé Rs 1 500 et insisté pour payer le reste à la livraison. Il s'est mis en colère et a bloqué mon numéro. J'ai demandé à mon fils de l'appeler d'un autre numéro et il a répondu. Mon fils s'est fait passer pour un client et le fraudeur a raconté les mêmes histoires. Nous avons alors compris que nous avions été victimes d'un escroc. L'argent a disparu, mais cela nous a aussi fait perdre confiance dans les achats en ligne et nos compatriotes. Nous avons travaillé dur pour gagner cet argent...»

D'autres victimes ont perdu Rs 5 000. Nos interlocuteurs appellent à la vigilance. «Vérifiez la crédibilité de la personne. Surtout n'effectuez pas de Cardless Cash Withdrawal. Il vaut mieux acheter auprès de vendeurs qui acceptent du cash ou un transfert par Juice à la livraison.» Certains arnaqueurs usurpent les cartes d'identité et coordonnées bancaires de personnes se trouvant à l'étranger à leur insu. Nous avons sollicité le Police Press Office pour des informations sur l'enquête dans la plainte déposée en octobre concernant ces arnaques. À l'heure où nous mettions sous presse, une réponse était toujours attendue.

Jayen Chellum : des réglementations sur la vente en ligne sont nécessaires

Les achats en ligne sont devenus populaires depuis le Covid-19, surtout via Facebook ou Tiktok Live, où tout se fait dans la transparence. Cependant, cela a conduit à une protection réduite des consommateurs, avec la multiplication d'arnaques complexes. Le secrétaire de l'Association des consommateurs de l'île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, appelle à la prudence. «Il est préférable, lorsque l'on fait des achats en ligne, de s'adresser à ceux qui offrent la livraison en personne et de ne pas verser d'acompte sans être sûr de la crédibilité de la personne. Nous avons reçu trois ou quatre cas d'escroquerie, mais ils sont nombreux. De nombreuses personnes hésitent à porter plainte à la police.» L'ACIM prône depuis longtemps des lois-cadres et des réglementations sur la vente en ligne.

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