Ile Maurice: Une affaire qui intrigue et irrite l'opposition

20 Novembre 2023

Des cigarettes de cannabis, de la MDMA, de la cocaïne, du haschich, du Crystal meth (aussi appelé zombie), du LSD, du cannabis et des graines de cannabis. Ce fut la récolte de la Special Striking Team (SST) et de la Flying Squad de la brigade antidrogue (ADSU) lors d'une descente dans une rave party, jugée illégale par la police, le dimanche 12 novembre dans la région de Fond-du-Sac. Les trois organisateurs ont même été arrêtés.

Cependant, cette affaire commence à prendre une autre dimension. L'opposition a eu des informations que des enfants de personnalités très influentes étaient présentes à cette fête où il y avait environ 300 participants. De plus, le fait qu'un des organisateurs ait retrouvé la liberté conditionnelle le même jour alors que les deux autres ont pu payer leur caution le lendemain fait sourciller.

D'abord la question parlementaire d'Arvin Boolell, chef de file du Parti travailliste, pour ce mardi, sur la tenue de rave parties dans des chasses, déposée au bureau de la clerk, a été rejetée, alors que celle de Reza Uteem, président du Mouvement militant mauricien (MMM), a été retenue. Ce dernier veut connaître le type de drogues saisies, leur valeur marchande et le nombre de personnes arrêtées. Toutefois, cette question destinée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pourrait ne pas trouver de réponse, vu qu'elle est en sixième position.

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La déclaration du patron de la SST, l'assistant surintendant de police (ASP) Ashik Jagai, faite sur une radio vendredi, sème davantage de doutes. «Dans beaucoup de fêtes, vous aurez au moins une personne qui consomme une drogue douce ou une drogue dure. Mé kan nou inn alé, nou inn sirpri ek sa kantité ladrog-la», a-t-il déclaré, tout en insistant que c'était une rave party illégale. Or, Reza Uteem note que ce haut gradé de la police confirme qu'il y avait une grande quantité de drogue destinée à la vente et que le rassemblement, lui-même, était illégal.

«Il faut donc comprendre qu'il n'y avait pas que des consommateurs, mais aussi des trafiquants. Combien d'arrestations y a-t-il eu ? Il fallait arrêter tout le monde. La drogue était-elle sous une table ou sous un arbre ? Donc, en laissant partir tout le monde, la police a aussi laissé partir ceux venus avec de la drogue. Ils ne sauront donc pas qui est derrière ce trafic», déclare le député avocat. Son parti, apprend-on, est en présence d'éléments que des personnes influentes auraient contacté des hauts gradés de la police peu après cette descente pour ne pas embarquer tout le monde.

«Victimes d'attouchements»

D'ailleurs, c'est ce qui aura poussé le leader du MMM, Paul Bérenger, lors de sa conférence de presse de samedi, à réclamer la liste des personnes présentes à cette soirée. «Il faut la liste de toutes les personnes présentes. Nous voulons aussi connaître sous quelles charges ces personnes ont été arrêtées. Ce qui est encore plus choquant, c'est que la police n'a pas objecté à la libération conditionnelle de personnes arrêtées comme elle le fait d'habitude», s'insurge-t-il. Le MMM serait aussi en possession d'informations que des femmes et jeunes filles présentes à cette fête auraient été victimes d'attouchements juste après la descente de la police et que des participants se sont fait voler également, mais ils ne voudraient pas porter plainte.

Reza Uteem trouve intriguant la posture de la police qui n'a pas objecté à la remise en liberté des suspects, en rappelant que dans le cas d'Akil Bissessur, la police avait contesté la décision du Directeur des poursuites publiques qui avait accordé la liberté conditionnelle aux suspects arrêtés dans des affaires de drogue après avoir passé une longue période en détention. «L'ASP Jagai, lui-même, avait contesté la libération d'Akil Bissessur. La police objecte systématiquement quand il y a des arrestations dans des affaires de drogue, sauf dans le cas de cette rave party. En tant qu'avocat, je ne comprends pas. De plus, l'ASP Jagai lui-même a dit que c'était un rassemblement illégal.»

Par ailleurs, ajoute l'avocat et député mauve : «Comment se fait-il que la police avait arrêté quelques pauvres pêcheurs et plaisanciers de Mahébourg qui protestaient pacifiquement contre la hausse des carburants alors que 300 personnes réunies illégalement avec de la drogue aient pu s'en sortir ? Est-ce qu'il y a une politique de deux poids deux mesures ? La police agit-elle différemment quand il s'agit des riches ? Ce haut gradé de la police a lui-même dit que le billet d'entrée coûte très cher. Donc, c'est une clientèle huppée...» Pour Reza Uteem, cela démontre que ce gouvernement n'a pas la volonté de combattre le trafic de drogue.

Par ailleurs, Arvin Boolell a été surpris de découvrir vendredi que sa question parlementaire n'était même pas à l'agenda. Le député voulait savoir si les détenteurs d'un bail sur une chasse peuvent louer la propriété pour des rave parties. «Je ne cherchais même pas le nom des participants. je voulais connaître la politique de ce gouvernement. Le bureau de la clerk n'a même pas eu la décence de m'appeler pour me dire que ma question n'a pas été retenue. Ce n'est pas éthique. En allant cherchant des explications, elle m'a dit que c'est son droit sous le standing order. L'État est indifférent face au trafic de la drogue. Les organisateurs de rave parties font des activités payantes où la drogue est vendue. De plus, ils tiennent non seulement ce type d'activités souvent sur des terres de l'État, mais ils vendent des billets d'entrée très chers sans la permission de la police, ni des conseils de district», déplore-t-il.

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