Près de 20 ans après la fin de la guerre civile, c'était la première élection présidentielle organisée sans l'aide des Nations unies. La Commission nationale des élections (NEC) a proclamé ce lundi la victoire de Joseph Boakai. Mais avant cela, pendant plusieurs mois, elle a travaillé à flux tendu et est parvenue à surmonter toutes les difficultés.
« Le ticket présidentiel Joseph Boakai - Jeremiah Kong, du Parti de l'Unité, est déclaré vainqueur ». Pour Davidetta Brown-Lansana, la présidente de la Commission nationale des élections, cette annonce sonne comme la fin d'un long processus mené jusqu'à son terme.
Au premier comme au second tour, le scrutin n'a pas été entaché de violences. Lorsque des tentatives de fraudes ont été commises au moment du dépouillement, des responsables de la Commission électorale ont été arrêtés et poursuivis par la justice. Le vote a même été repris dans certains comtés, lorsque des anomalies ont été détectées.
Cette année, la Commission nationale des élections est parvenue à surmonter toutes les difficultés. Mais selon Davidetta Brown-Lansana, le plus difficile, ce furent les pressions sur les réseaux sociaux. « Le problème majeur, c'était la désinformation et par-dessus tout, les discours de haine. Ces discours visaient la commission électorale. Mais aussi les Libériens. Nous devons arrêter avec cela », explique-t-elle.
« Je suis une victime de l'élection de 1985 »
À cela s'ajoutent les contraintes budgétaires et logistiques. Il n'a pas été évident d'acheminer le matériel électoral dans les zones reculées en pleine saison des pluies. Malgré tout, le vote a pu démarrer à l'heure dans toutes les localités.
Avec du recul, la commissaire Ernestine Morgan-Awar, apprécie le chemin parcouru après deux guerres civiles. « Je suis une victime de l'élection de 1985. Mon père a été enlevé. Cela fait 38 ans. Jusqu'à présent, ma famille n'a aucune nouvelle de lui. Mais aujourd'hui, je suis là en tant que victime et en même temps, je suis contente de voir comme nous avons progressé : nous sommes capables de proclamer les résultats d'une élection. Cela représente beaucoup pour moi. Nous avons tourné une page de notre histoire », se réjouit-elle.
Pour s'améliorer, la Commission électorale entend notamment mener des activités d'éducation au vote afin d'éviter nombre élevé de votes invalidés lors des scrutins.
« La force de la démocratie »
Et alors que les résultats étaient encore partiels vendredi soir, le président sortant George Weah a appelé son challenger pour le féliciter et concéder sa défaite. Un geste salué par la communauté internationale, dont la Cédéao, qui a suivi de près ce scrutin, explique le Dr Abdel-Fatau Musah, le Commissaire aux Affaires politiques, Paix et Sécurité de la Cédéao.
Dans un contexte où la démocratie subit des turbulences dans notre région, c'est un exemple clair, qui montre qu'il y a toujours de l'espoir, pour la démocratie en Afrique de l'Ouest. Il nous faut des élections inclusives. Cela va contribuer à la force de la démocratie.