Elle est décédée à l'âge de 56 ans. La Reine du salegy est partie trop tôt.
Elle s'est battue jusqu'à son dernier souffle.
Dimanche 19 novembre 2023, vers 18 heures, l'ambiance était tendue à l'hôpital Place Kabary d'Antsiranana.
Les fans ainsi que les proches de la défunte ont exprimé leur mécontentement envers les intendants.
« Lorsqu'elle était malade, ils n'ont pas levé le petit doigt pour la sauver. L'artiste Wawa s'est agenouillé devant tout le monde pour qu'ils libèrent Ninie Doniah. Mais, non ! Ils ont fait la sourde oreille. Maintenant, elle n'est plus parmi nous », criait un monsieur. Après 45 minutes, la décision est prise.
Le corps de la reine du Salegy sera emmené à la Maison de la Communication et de la Culture d'Antsiranana.
Des voix de contestation retentissent dans la cour de l'hôpital. « Au Gymnase couvert, pas au Banja », a insisté l'assistance.
Mais la proposition de celle-ci n'a pas été considérée.
Une fois qu'elle a été installée à la Maison de la Communication et de la Culture, des centaines de personnes sont venues pour rendre un dernier hommage à la chanteuse malgache.
Là encore, une altercation violente a résonné dans l'enceinte.
Chacun a vidé son coeur. Apparemment, la ville de Diégo-Suarez est choquée.
Les phrases les plus répétées sont les suivantes : « C'est injuste. Elle ne mérite pas ça. Comme c'est malheureux ».
À part le directeur régional de la Communication et de la Culture qui a, malgré lui, essayé de temporiser la situation, l'absence des premiers responsables de la DIANA fut constatée par tous.
« Ils ont honte. Ils n'osent pas se présenter. Ils regrettent...», s'exprime Claudette Bao, une inconditionnelle.
Ninie Doniah est une artiste, une femme sociopolitiquement engagée, mais avant tout, elle est enseignante.
Professeure d'anglais et de français. « J'étais l'une de ses élèves au collège.
C'était vers 1995, je crois. Elle était stricte, mais aussi compréhensive. Je ne savais pas qu'elle était une chanteuse. À l'époque, elle était jeune et surtout très élégante. On l'appelait madame Ninie », se souvient Elysa.
Par ailleurs, la jeune enseignante était aussi une chanteuse, un talent qu'elle a hérité de sa famille. Elle a débuté comme choriste.
Elle entretenait des relations amicales avec des grosses pointures comme le collectif Le Jaguar, Francisco, Din Rotsaka. En 1994, elle sort du lot.
Invitée au Festival Doniah, l'artiste est connue par le grand public.
En effet, les femmes se reconnaissaient à travers ses morceaux.
En fait, elle était la première chanteuse de la partie Septentrionale à brandir le féminisme.
Dans « Nivaly coresse » par exemple, elle évoque implicitement la manière dont les hommes traitent leurs femmes, l'infidélité, la patience d'une mère. Après, la diva enchaîne avec « Laissez libres femmes gasy », un titre qui a fait boom au début des années 2000, en incitant les ménagères à s'émanciper.
Dès lors, ses titres étaient des chants porteurs d'époir, mis en boucle tous les ans durant la célebration de la Journée de la femme.
Concernant la lutte qu'elle a menée ces trois dernières années, l'artiste était également la première à manifester contre les abus des responsables étatiques.
René Rasolofo a d'ailleurs soulevé le sujet lors de sa conférence de presse qui s'est tenue hier, lundi 20 novembre.
« Cette dame a consacré sa vie à un combat qui consistait à sauvegarder le patrimoine foncier de Nosy-Be pour l'avenir des enfants malgaches. Malheureusement, elle a été le témoin de toutes les vicissitudes, je dirais même de tous les méfaits et abus que les régimes successifs se sont permis d'orchestrer dans ce pays. C'est inadmissible. C'était courageux. Que sa mémoire reste gravée dans l'âme de tous les Malgaches ».
En somme, les habitants de la région du Nord, et Madagascar en général, qualifient la Reine du salegy de martyre, une nationaliste au rang des icônes tavaratra comme Justin Bezara et Joseph Jaozandry.
Jusqu'ici, la famille n'a pas encore annoncé le programme des obsèques.
D'après les informations recueillies, la famille s'entendra avec les différentes entités en vue de l'inhumation de l'artiste.