Ile Maurice: Le propriétaire - «J'ai loué mon terrain mais je ne savais pas que ce serait une rave party»

21 Novembre 2023

La rave party est sur toutes les lèvres. La question du député mauve Reza Uteem concernant le type de drogues saisies, leur valeur marchande et le nombre de personnes arrêtées a été retenue pour la séance parlementaire d'aujourd'hui. Cette question, qui est destinée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pourrait ne pas trouver de réponse vu qu'elle est en sixième position.

Il est presque midi, ce lundi 20 novembre, alors que nous recherchons le lieu où la rave party a été organisée le 11 novembre à Fond-du-Sac. L'endroit se trouve loin des habitations au bout d'un sentier rocheux que nous arpentons dans notre véhicule. Ce terrain privé abrite un verger de letchis et une petite salle à l'arrière des arbres que nous voyons à peine. Personne ne se douterait de quoi que ce soit car le lieu est en plein air mais peut accommoder environ 300 personnes, vu l'étendue du verger. Le gazon est bien entretenu.

L'organisateur avait choisi un lieu idéal où des cigarettes de cannabis, de la MDMA, du Crystal Meth, du LSD, du cannabis et des graines de cannabis étaient généreusement servis. C'est la belle récolte de la Special Striking Team (SST) et de la Flying Squad de l'Anti Drug and Smuggling Unit. Le sentier est désert mais on voit passer un homme un peu plus loin. Nous tentons de lui poser quelques questions malgré sa timidité et sa curiosité concernant notre présence sur place.

Nous allons droit au but en lui demandant si ce genre de fête se fait souvent dans cet endroit. Il déclare qu'il n'avait jamais entendu ni vu de fête de ce genre. «Mo ti pé sorti travay samdi kom par sans ou malsans pa koné. Mo'nn trouv enn bann loto pé rantré-sorti koumadir enn préparasion pé déroulé samdi tanto. Comme c'est un terrain privé, je n'ai pas regardé ce qui se passait. J'ai continué mon chemin pour rentrer chez moi.»

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Une autre personne qui emprunte ce sentier nous a fait une confidence. «Je travaille non loin des lieux. Je m'étais rendu samedi matin à la compagnie où je travaille, à la veille de Divali, quand j'ai été surpris de voir des jeunes qui installaient des piquets. C'est de cette façon qu'ils aménagent des places de parking pour les invités à la fête. Je n'imaginais pas qu'il y aurait une rave party. Ce verger à de grands portails en bois ; nous sommes prudents de ne pas nous mêler des affaires des autres. Comme il y a une loi pour le 'trespassing', j'ai bougé après les prières.»

Nous nous sommes entretenus avec le propriétaire du verger qui dit être encore sous le choc. «Je loue cet espace pour des mariages, des réceptions, pour des fêtes d'anniversaire mais à aucun moment, je n'ai été mis au courant par l'organisateur qu'il louait mon espace pour une rave party. C'est à travers un contact que nous avons fait connaissance. Mo'nn lwé pou bann évennman mé zamé mo ti koné ki pou éna rave party.»

Il dit qu'il s'était rendu dimanche pour récupérer son argent avec l'organisateur mais a été surpris de voir beaucoup de voitures et van près de son verger. «J'ai cru qu'une bagarre a éclaté entre ceux qui étaient invités à la fête. C'est en entrant que j'ai su qu'il y avait de la drogue sur place et les policiers ont su que j'étais le propriétaire. Ils ont dit : "Ramas li osi." J'ai été choqué. J'ai loué pour plusieurs occasions mais je n'ai jamais eu de tels problèmes.»

Pluie de critiques sur la police

Les parlementaires de l'opposition n'ont pas manqué de critiquer la police. Ils allèguent que la SST est arrivée trop tôt sur les lieux. Selon les recoupements d'informations, les policiers ont donné l'assaut vers 22 heures alors que la fête devait battre son plein vers les 23 h 30. Il n'y avait pas grand monde sauf une bonne centaine de dames sur place. Et le comble, c'est qu'il n'y avait pas assez de policières durant l'opération pour fouiller ces nombreuses dames ce jour-là. Nous avons sollicité une déclaration du «Police Press Office», mais l'inspecteur Shiva Coothen s'est abstenu de tout commentaire. «Ce sujet est au menu des questions du Parlement mardi. Je laisse le soin au Premier ministre de répondre.» Suivant cette descente, un dénommé Ryan Reaz A., âgé de 33 ans, et un certain Jonathan N., 32 ans, sont placés en état d'arrestation. Ce duo est soupçonné d'être derrière l'organisation de cette «rave party». Poursuivis sous le délit de «possession of dangerous drug: drug dealing for the purpose of distribution», les deux hommes ont comparu devant le tribunal de Rivière-du-Rempart hier et ont été libérés sous caution.

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