La BAD remet ça! L'enfer de Gachora, cette bourgade rwandaise sur les collines du Kiuvu en 2014, située à 35 km de la frontière du Burundi, où la quarantaine de journalistes africains accrédités aux assemblées annuelles de l'institution, devaient y prendre leurs quartiers, avant un rétropédalage des organisateurs, rappelle sans doute de souvenirs poignants.
C'était sous la mandature »flamboyante » de Donald Kaberuka. Juste un retour des faits. Dès leur arrivée à l'aéroport international de Kigali mai 2014, les journalistes avaient été transférés manu militari à Gachora. Cinq heures de galère, de safari à tombeaux ouverts, fait de pistes chaotiques, sans eau, sans Internet. Il aurait fallu grincer des dents pour reloger les représentants des médias vers un autre site aux commodités décentes.
Neuf ans plus tard, les codes et les lignes n'ont pas évolué, dans le bon sens, sur le plan de la gestion et du management de la communication. Pourquoi ça coince ? À 63 ans, le colosse patron de la BAD, Akinwumi Adesina, » vadrouilleur » en puissance, à deux ans de la fin de son second et dernier mandat, peine toujours à faire polir de mille étincelles l'image du Pôle de la Communication, devenue, au fil des années, une véritable « chape de plomb » sur les médias africains en particulier, ceux de l'espace francophone.
La gestion catastrophique des médias aussi bien lors des assemblées annuelles que foras de l'institution revient de façon récurrente. Que d'eaux boueuses, de braise sous les chaumières. Au forum de Marrakech dans le cadre de Africa Investment, ouvert le 8 novembre 2023, qu'a organisé la Banque africaine de développement, qui a perdu d'ailleurs de son écrin gigantesque ces dernières années, ce fut un « fiasco » au premier degré.
Les journalistes accrédités ont subi le supplice durant les quatre jours du raout marqué par de petites et grandes misères. Selon des informations parvenues à Confidentiel Afrique, annoncés en premier temps à l'hôtel Movenpick de Marrakech, comme l'avaient si bien précisés les organisateurs, les journalistes ont dû se rendre compte qu'ils n'étaient point réservés à crécher dans ce chic palace. Devant l'énervement des représentants des médias, trimbalant dans les allées de l'hôtel, les organisateurs ont vite rechargé les cartouches pour éviter ce grand « foutoir ».
A la rescousse du comité d'organisation local, une agence de conseil et de communication du nom de Guépard, proche du cabinet royal chérifien, se met à l'oeuvre pour « conjurer » le douloureux supplice des journalistes. Cap sur l'hôtel Hivernale de Marrakech. C'était du tout sauf du chic. Un dortoir 2-3 étoiles dit-on, juste pour étaler les pieds et fermer les yeux sur un matelas d'un niveau acceptable » glisse une source à Confidentiel Afrique.
Les jours furent longs et laborieux pour la trentaine de journalistes dont 5 issus de la zone francophone qui n'ont eu que leurs yeux pour constater les « dégâts » des organisateurs. Idem pour les pécules. Les journalistes devront patienter pour quelques semaines, une fois au bercail, afin de recevoir leurs perdiems, tels que prévus par le staff officer-payment de la Banque africaine de développement. De la galère et du tournis. Entre la presse couvrant les événements de la banque et le Pôle de Communication, c'est comme un long fleuve agité.
Les codes n'ont pas changé et les lignes de frictions restent béantes. Depuis le duo anticonformiste Joël KIBAZO- John Philippe en passant par Ismaila DIENG, Nafissatou DIOUF et maintenant l'équipe du Kenyan Samuel, un ancien pensionnaire de BBC, épaulé par le tunisien goguenard Chawki, la Com de la BAD, peine à prendre ses marques et à s'affranchir du diktat du Pasteur Victor, proche inoxydable du Président Akinwumi Adesina, lequel régenterait le pouls de l'écosystème de la Communication, depuis la Tour d'Abidjan.
Les journalistes francophones se plaisent à dire tout de go, que même le dernier Mohican francophone du Pôle Com, le très affable Aoudi Alkassoum, de nationalité nigérienne, est mis à l'écart dans des raouts d'envergure de l'institution. A quand s'arrêtera ce supplice infligé aux médias africains, qui triment toujours, payant le lourd tribut souvent, loin de leurs salles de rédaction et de leurs foyers respectifs ? Plus jamais ça !