Encore un acteur de la société civile sous les verrous au Mali! En effet, le professeur Clément Dembélé, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est, depuis le 20 novembre dernier, écroué à la Maison centrale de Bamako, en attendant la date de son jugement. Cette affaire fait suite à la fuite d'un audio sur les réseaux sociaux, attribué au président de la Plateforme Front Commun pour le Mali (FC-Mali). Dans cet enregistrement vocal dont l'authenticité n'a pas été prouvée, l'homme qui s'exprimait tenait des propos menaçant de mort le chef de l'Etat malien, le Colonel Assimi Goïta, et des membres de sa famille, notamment son épouse et ses enfants. Le professeur Dembélé a-t-il à ce point perdu la tête ?
A-t-il été suffisamment fou pour oser un tel affront? Quel cran que de menacer de mort le Colonel Goïta, surtout à un moment où ce dernier vient de marquer les esprits avec sa victoire sur les rebelles à Kidal ! L'acte à lui reproché, paraît invraisemblable, non seulement par sa gravité, mais aussi et surtout au regard du contexte et du timing. Si cet audio n'est pas de Pr Clément Dembélé, s'agit-il d'un montage ; d'une stratégie des hommes forts de Bamako pour réduire une nouvelle fois au silence, une voix qui dérange? En tout cas, rien n'est à écarter quand on sait ce dont est capable l'intelligence artificielle, ce couteau à double tranchant capable du meilleur comme du pire.
La question se pose de savoir si l'on ne nage pas en pleine manipulation
Toujours est-il que l'emprisonnement de ce grand chantre de la lutte contre la corruption, soulève bien des interrogations, surtout que l'homme est connu pour être très critique vis-à-vis des hommes en kaki qui occupent aujourd'hui le palais de Koulouba. Et surtout qu'on est dans un contexte où les voix discordantes peinent à se faire entendre ou sont carrément tuées. En effet, des acteurs de la société civile comme l'activiste Adama Ben Diarra dit «Ben le Cerveau», le célèbre animateur radio, Mohamed Youssouf Bathily dit "Ras Bath", Rokiatou Doumbia alias Tantie Rose, bien connue sur les réseaux sociaux pour sa croisade contre la vie chère, sont aujourd'hui derrière les barreaux.
Et quid de la Justice malienne qui semble aux ordres des autorités de la Transition ? En tout cas, cette menace attribuée à M. Dembélé contre le président de la Transition, devrait bien valoir un procès contre le président de la Plateforme contre la corruption et le chômage au Mali ( PCC) pour « atteinte à la sûreté de l'Etat » et « menaces de mort par le biais d'un système d'information ». Mais, en attendant que l'enquête diligentée pour éclaircir les contours de cette sombre affaire, livre ses secrets, la question se pose déjà de savoir si l'on ne nage pas en pleine manipulation qui pourrait offrir peu de chances à la manifestation de la vérité.