Une semaine après le premier tour de l'élection présidentielle malgache, des files d'attentes inhabituelles se forment dans plusieurs grandes villes. Des centaines de personnes viennent y chercher leur carte d'adhésion au parti TGV, le parti présidentiel. Derrière cette vague d'adhésion massive, plusieurs habitants racontent avoir été encouragés à s'inscrire en échange de contreparties diverses. Le parti présidentiel dément fermement toute promesse de rétributions.
17h30 passé, le soleil décline dans un des bas-quartiers du sud d'Antananarivo, mais pour certains, la journée est loin d'être finie. Pièce d'identité en mains, des habitants se pressent et se bousculent avec pour objectif, récupérer leur précieuse carte d'adhésion orange de la couleur du parti présidentiel.
Depuis une semaine, c'est la même scène qui se joue, raconte Sandra, témoin de cette effervescence inhabituelle depuis son balcon. « Tout à l'heure, on a vu du monde en bas, on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé. Il y a gens qui se sont mis en groupe, à discuter "La carte, et tout ça, distribution de carte". On leur promet de leur donner de l'argent, de leur donner 100 000 ariary [environ 20 euros, NDLR] par mois et par personne. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit ça ici. »
Dans ce seul quartier, au moins 600 cartes d'adhésion ont été distribuées en quelques jours. Mais certains, dans la fille d'attente, commencent à s'impatienter. C'est le cas de Saholy, elle, espère surtout en tirer des avantages économiques. « Nous sommes fatigués, car on ne sait pas où récupérer la carte. On nous balade dans un endroit puis un autre... Avec cette carte, on nous a promis qu'on serait prioritaires en cas de distributions alimentaires. Et s'il n'y a finalement rien... ils ne savent pas de quoi les bas-quartiers sont capables ! »
Être « prioritaire pour les aides »
Ravelomanana, elle aussi en attente de sa carte, nous guide chez elle. À l'abri des regards, elle dément toute promesse de sommes d'argents faites par le parti. De son adhésion, elle espère toutefois d'autres privilèges. « Nous nous sommes inscrits de notre plein gré avant tout pour soutenir le président Andry Rajoelina. En plus, on m'a dit qu'avec cette carte, si vous voulez rencontrer un ministre, on vous fait une faveur... Ou bien en cas d'inondations - fréquentes dans le quartier, vous serez prioritaires pour les aides. »
Joint par RFI, Augustin Andriamananoro, membre du bureau politique national du TGV, met en avant une simple carte dédiée à l'identification des membres du parti. Aucune somme d'argent ni autre avantage n'a été promis en échange, assure-t-il, avant d'ajouter toutefois que « rien ne nous empêche de récompenser nos fidèles adhérents à l'avenir ».