Sénégal: Les abris provisoires et le déficit d'enseignants au cœur des débats à l'Assemblée Nationale

Dakar — Des députés ont dénoncé, mercredi lors de l'examen du budget du ministère de l'Education nationale, la pléthore d'abris provisoires dans les académies de l'intérieur du pays, le déficit d'enseignants estimé cette année à 8 000 ainsi que de lycées dans plusieurs départements du pays.

Certains parmi eux ont profité du passage du ministre de l'Education nationale, Cheikh Oumar Hann pour exprimer leur préoccupation par rapport à ce déficit noté cette année au Sénégal, surtout dans les régions périphériques.

Qu'ils soient de la majorité, de l'opposition ou des non- inscrits, ils ont déploré le manque d'enseignants constaté depuis la rentrée des classes début octobre, surtout dans les disciplines scientifiques.

Ce déficit concerne, entre autres, des établissements scolaires de Linguère, Darou Rakhmane, Guédiawaye, Kolda, Kaffrine, Médina Yoro Foulah, Niodior, Wadiour, Gossas, Kébémer, Malem Hodar.

Du haut de la tribune de l'hémicycle, le député Yoro Sow a affirmé que Linguère (Louga, nord) est le département le plus impacté par ce déficit d'enseignants. Il appelle par conséquent à faire "une dotation spéciale" pour cette circonscription administrative.

"Des corrections doivent être faites dans les affectations, puisque chaque année près de 200 enseignants quittent le département sans être remplacés", a-t-il suggéré.

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Il pense que le système d'enrôlement des enseignants doit être orienté vers le monde rural afin que les jeunes issus de ces localités puissent y servir.

Eviter les nombreux départs d'enseignants

L'objectif doit permettre d'éviter les nombreux départs d'enseignants dans les localités reculées comme Linguère, a-t-il expliqué.

Le député Ismaila Diallo, lui, préconise un recrutement spécial pour résorber le déficit de 8 883 enseignants du préscolaire au supérieur, enregistré sur tout le territoire national. Il regrette que 84 % du montant des 909 milliards de francs CFA du budget prévu cette année soient consacrés aux salaires des enseignants et à la prise en charge du cabinet ministériel.

Il a suggéré la mise en place de budgets-écoles pour décentraliser les ressources au niveau des collectivités territoriales. Ce serait alors aux mairies de prendre en charge les enseignants déployés dans leur périmètre communal.

Il a souligné que le département de Guinguinéo (Kaolack, centre) ne dispose pas de moyens lui permettant de prendre en charge les préoccupations de son inspection de l'éducation et de la formation (IEF), qui n'a "même pas de locaux dignes de ce nom".

Des députés ont demandé au ministre de l'Education nationale des solutions et stratégies pour résorber ce gap, à travers la tenue, chaque année, de concours de recrutements suivis de formations dans les centres régionaux de formation des personnels enseignants.

Sur la question des abris provisoires, les députés se sont interrogés sur les "retards de résorption du déficit, qui font que ces classes de fortune ne paraissent plus provisoires mais permanentes".

Pour des solutions définitives aux abris... provisoires

Les intervenants ont tour à tour sollicité leur résorption dans toutes les localités. La députée Fatoumata Dabo fait état de 200 abris provisoires rien que dans le département de Goudomp (Sédhiou, sud), dont l'IEF est la "plus affectée". Le député El hadji Moustapha Ndiaye appelle quant à lui le ministre de l'Education nationale à "trouver rapidement des solutions définitives aux abris provisoires".

Les députés ont aussi plaidé pour la création de nouvelles écoles et de nouveaux lycées, ainsi que la rénovation d'anciens établissements scolaires.

Des lycées techniques et des lycées agricoles ont été également réclamés par certains intervenants pour régler le problème de l'exode rural.

La députée Aissatou Sow Diawara a plaidé lors de son temps de parole pour une "meilleure prise en compte des préoccupations de l'école publique, qui [réalise] les meilleurs résultats", donnant l'exemple du lycée Limamoulaye de Guédiawaye et l'école Mariama Bâ de Gorée.

L'essentiel des ressources alloué au fonctionnement

"Il n'y a jamais assez de ressources pour l'éducation", a-t-elle souligné, déplorant que 83% de ces ressources soient consacrées au fonctionnement et seulement 17% aux investissements.

Tous les députés qui ont pris la parole ont réclamé pour soit un lycée, soit une école, une IEF ou une case des tout-petits pour leurs localités.

Aissatou Sow Diawara a réclamé également une inspection d'académie pour Guédiawaye qui ne peut plus "être derrière Dakar" avec 80 écoles à Golf et autant à Ndiarème, Wakhinane et Sam Notaire, des quartiers de cette banlieue de Dakar.

Ils ont aussi défendu la nécessité d'améliorer la qualité des enseignements, d'aller vers leur réforme avec l'élargissement du numérique et celle d'une introduction des langues nationales.

L'Assemblée nationale a adopté le budget prévu par le gouvernement pour le ministère de l'Éducation nationale, dont le montant est de 909 milliards de francs CFA.

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