Congo-Kinshasa: Beni - Des armuriers congolais de la police et de l'armée formés à la gestion des armes

communiqué de presse

Le service de lutte antimines de la MONUSCO (UNMAS) forme depuis le 7 novembre 2023 des armuriers et des magasiniers congolais dans la ville de Beni. Au total, il s'agit d'une trentaine de militaires, policiers, garde-parcs et agents de la Commission de contrôle des armes qui apprennent les bonnes pratiques dans la gestion, l'entretien et la sécurisation des dépôts d'armement, de munitions et d'explosifs.

« Une formation nécessaire », commente le commissaire supérieur Franck Mabika, commandant second de la police à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni. Dans ce commissariat, c'est lui qui est responsable de la logistique et de l'armurerie.

Préserver des vies

« Avant cette formation, c'était catastrophique. Maintenant, je m'en rends compte », reconnaît l'officier qui en est à sa troisième semaine de formation. Quand on lui demande ce qu'il sous-entend par l'adjectif « catastrophique », il lève les yeux au ciel et dit :

« Auparavant, nous classions les munitions pêle-mêle. C'est très dangereux. Je prends l'exemple du phosphore blanc qui ne peut pas être rangé au même endroit que des explosifs. Nous le faisons pourtant. Il est interdit de mettre une roquette sans capsule dans une armurerie. On le fait par ignorance. Le formateur nous a dit ce matin : « C'est très dangereux » ».

Comme l'explique François Wilondja, l'un des formateurs et membre de la Commission nationale de contrôle des armes légères et de petit calibre, « cette formation va préserver des vies humaines qui auraient pu être perdues à la suite d'une négligence ou d'une mauvaise pratique dans une armurerie ».

Le commissaire supérieur Franck Mabika est du même avis. L'officier de police fait remarquer que l'armurerie du commissariat de police de Beni se trouve dans une zone densément peuplée. En cas d'explosion, les dégâts risquent d'être importants.

Il se souvient du drame de Mpila. En mars 2012, ce quartier de Brazzaville avait été littéralement soufflé par la déflagration d'un dépôt d'armes et de munitions, causant la mort de près de trois cents personnes et d'importants dégâts matériels.

« A côté de l'état-major de la police de Beni, il y a des mamans qui vendent. Pourtant, il y a une armurerie ici. Si nous stockons des roquettes sans précautions, les dégâts pourraient être lourds en cas d'explosion : on perdrait beaucoup de gens », argumente le commissaire supérieur Franck Mabika.

Des armes entre de « mauvaises mains »

Eviter la répétition de drames comme celui de Mpila au Congo voisin n'est pas le seul objectif de cette formation. Les participants ont également appris à assurer le transport sécurisé des armes et des munitions.

Ici, l'objectif est d'éviter qu'un camion transportant des armes pour l'armée, par exemple, ne tombe dans une embuscade tendue par des miliciens qui s'empareraient alors d'un matériel précieux.

Le formateur François Wilondja en parle : « Ce matin, je leur expliquais comment on doit transporter des munitions et des armes. Avant toute chose, on doit faire l'évaluation des risques. Elle consiste à savoir la quantité et le type de munitions à transporter, le nombre de déchargements nécessaires sur l'itinéraire, la durée du transport et, ensuite, évaluer la sécurité sur la route ».

François Brian Lewis, membre du service de UNMAS, abonde dans le même sens. Il explique que l'un des objectifs de cette formation est d'éviter que les armes ne se retrouvent entre de « mauvaises mains ».

Ce qui requiert notamment un inventaire rigoureux des armes et munitions dans les armureries ainsi qu'une gestion efficace du transport des armes. « C'est la légèreté et la mégestion des armes légères et de petit calibre et de munitions qui fait qu'il y a leur prolifération et la multiplication des groupes armés qui se les procurent », analyse François Wilondja.

Le premier sergent Ady Makiese, armurier de la 32e brigade de l'armée congolaise déployée à Beni, reconnaît sans entrer dans les détails que la gestion de l'armurerie n'a pas toujours été rigoureuse.

Le jeune soldat promet qu'il agira désormais autrement, grâce à cette formation grâce à laquelle il a appris à noter et à consigner tout mouvement d'armes. La formation s'achèvera jeudi 30 novembre.

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