Après avoir pris le contrôle de Kidal, Bamako n'a pas tardé à nommer un nouveau Gouverneur pour administrer cette région longtemps restée aux mains du CSP (Cadre stratégique permanent). C'est le général de division, El Hadj Ag Gamou qui, depuis le 22 novembre 2023, succède au colonel Fodé Malick Sissoko. Et tout laisse croire que le choix des nouvelles autorités de la transition malienne, est loin d'être fortuit. En effet, le général Gamou n'est certes pas un natif de la ville de Kidal, mais il reste un fin connaisseur de cette région et de ses réalités socioculturelles. En plus, malgré les clashs qu'il a eus avec les dirigeants de son pays, il est resté fidèle à Bamako.
Avant la prise de Kidal par les FAMa, ce leader du Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) appelait l'ensemble des Touaregs du Mali au dialogue et à l'union, témoignant ainsi de son attachement à la paix et à la stabilité de sa région d'origine. Avec cette nouvelle casquette, ce militaire tout accompli, parce qu'ayant combattu en Libye, en Syrie, au Tchad, au Liban, pour ne citer que ces pays-là, devra œuvrer à sécuriser davantage Kidal, étant donné que les rebelles n'ont pas encore dit leur dernier mot. Il devra également travailler à relancer les services sociaux, restaurer la cohésion sociale et faciliter le retour des déplacés dans cette région septentrionale du Mali. Si certains Maliens fondent beaucoup d'espoirs sur cet homme parce qu'il semble avoir beaucoup d'atouts pour réussir sa mission, il reste que sa tâche s'annonce, pour le moins, difficile.
Il appartient au général de travailler à convaincre les sceptiques
En effet, le général Gamou est issu de la tribu des Imghads, une fraction touarègue considérée comme vassale. Or, la plupart des chefs rebelles défaits sont également issus de la branche des Ifoghas. Cela dit, le général Gamou réussira-t-il à ramener dans l'enclos, les brebis égarées ? Parviendra-t-il à convaincre son frère ennemi, le redoutable chef du GSIM, Iyad Ag Ghali, d'abandonner son funeste dessein et rejoindre la table afin de boire le thé de la paix à Kidal? L'avenir nous le dira. En attendant, on peut, sans risque de se tromper, dire que le général Gamou a du pain sur la planche. On est d'autant plus fondé à le penser que sa nomination ne fait pas l'unanimité. En effet, beaucoup de Touaregs de la tribu des Ifoghas voient en la nomination du général Gamou, une stratégie des autorités de Bamako visant à diviser davantage les Touaregs.
C'est dire s'il appartient au général dont le charisme est connu de tous, de travailler à convaincre les sceptiques du contraire. Son premier défi, c'est de réussir là où Bamako semble avoir échoué, c'est-à-dire à convaincre les nombreux Touaregs qui ont fui les combats à regagner le bercail, en l'occurrence Kidal, pour y vivre dans la paix et dans la dignité. L'autre défi et non des moindres, c'est de faire en sorte que tous ceux qui ont pris les armes contre la République, puissent les déposer sans courir le risque de se faire trucider ou jeter en prison. Le général Gamou devra aussi veiller à ce que les anciens collaborateurs des rebelles ne soient pas soumis à des tortures et autres violences.