Niger: Tchiani chez Goita et Traore - Une visite de raison

Le général nigérien Abdourahamane Tiani et le capitaine Ibrahim Traoré
23 Novembre 2023

Pour sa première sortie après son coup d'Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet dernier à Niamey, le président de la transition nigérienne, le Général Abdourahamane Tchiani, s'est rendu à Bamako, le 23 novembre dernier, pour une visite d'amitié et de travail avec son homologue malien, le Colonel Assimi Goïta. Après Bamako, il a fait escale à Ouagadougou au Burkina Faso, où il a rencontré le président Ibrahim Traoré. Une visite de quelques heures dans les capitales malienne et burkinabè, qui vaut son pesant de bouffée d'oxygène pour le chef de la junte militaire nigérienne qui ploie sous le poids des sanctions internationales et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Laquelle organisation sous-régionale reste intransigeante sur le rétablissement de l'ordre constitutionnel dans les meilleurs délais, même si le spectre de l'intervention militaire qu'elle avait brandi au début pour remettre Mohamed Bazoum sur son fauteuil, est en train de s'éloigner. Et cela, dans un contexte où la pression internationale s'intensifie avec le récent vote, par le Parlement européen, d'une résolution non contraignante condamnant le coup d'Etat et exigeant la libération du président déchu.

La visite du Général nigérien sur les rives du Djoliba et du Kadiogo, était très attendue, dans le cadre de la mise en marche de l' AES

C'est le signe que quatre mois après son arrivée, le pouvoir du Général Tchiani qui résiste comme il peut à la tempête des sanctions internationales, est en train de s'enraciner au Niger. Au point de permettre au putschiste en chef, d'opérer cette virée présidentielle chez ses voisins de l'Ouest pour discuter paix et sécurité, mais aussi coopération économique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le déplacement du nouveau maître de Niamey chez les hommes forts de Bamako et Ouagadougou, est une visite de raison. Une visite qui relève d'abord de la solidarité entre putschistes. Ce qui est de bonne guerre.

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Comment peut-il en être autrement quand on voit tout le soutien indéfectible dont le Niger bénéficie de la part du Mali et du Burkina Faso, dans la dure épreuve d'isolement diplomatique, économique et financier qu'il traverse en raison de la pression internationale ? Comment peut-il en être encore autrement quand le Niger, le Mali et le Burkina partagent des frontières communes où sévissent des hordes de terroristes qui se repaissent du sang d'innocentes populations ? Comment peut-il enfin en être autrement quand, de Bamako à Niamey en passant par Ouagadougou, ces régimes se disent engagés dans la lutte contre le terrorisme qui a justifié de part et d'autre, la prise du pouvoir par les armes ? Soit dit en passant, la visite du Général nigérien sur les rives du Djoliba et du Kadiogo, était très attendue, surtout dans le cadre de la mise en marche de l'Alliance des Etats du Sahel (AES).

Au plus fort des tensions avec la CEDEAO, le Mali et le Burkina ont su montrer au Niger qu'ils étaient à ses côtés

Et c'est tant mieux pour ces pays si cela peut contribuer au renforcement de la coopération militaire dans le but de mutualiser les forces pour mieux faire face au péril terroriste qui menace ces trois Etats du Sahel jusque dans les fondements de leur existence. Pour le cas précis du Mali, la visite du président de la transition nigérienne à son homologue malien, permettra de réchauffer les relations entre Bamako et Niamey, qui avaient pris un coup de froid sous Mohamed Bazoum au point de paraître un frein à la mobilisation des forces combattantes dans les opérations militaires conjointes qui s'avèrent aujourd'hui d'une nécessité capitale pour l'ensemble de ces trois pays du Sahel, pour espérer venir à bout de la bête immonde.

C'est pourquoi, au- delà de la gratitude à ses cadets d'âge et de grade, on espère que cette visite du président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSD) permettra de faire bouger positivement les lignes à la frontière commune où, à en croire certaines sources, les forces du mal ont encore fait parler d'elles il y a de cela quelques jours. En tout état de cause, c'est une visite qui ne surprend guère. Car, au plus fort des tensions avec la CEDEAO, le Mali et le Burkina ont su montrer au Niger qu'ils étaient à ses côtés, dans sa traversée du désert.

Mais, au-delà des relations entre les trois pays, rien ne dit que dans le secret de cette visite présidentielle, le Général nigérien n'a pas bénéficié de précieux conseils de la part du Colonel malien qui, après trois ans de transition, apparaît aujourd'hui comme le doyen des putschistes en activité dans la sous-région ouest-africaine. Et à ce titre, il pourrait avoir de l'expérience à revendre. D'autant qu'il n'a pas été épargné par les sanctions. Mais que voulez-vous ? C'est aussi ça la politique !

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