Congo-Kinshasa: Electricité - La Corap veut le renforcement des méthodes d'analyse des données multisectorielles

La Coalition d'organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l'action publique (Corap) se demande, dans son communiqué du 22 novembre, le nombre des Congolais qui ont réellement accès à l'électricité. Recherchant des réponses à ce questionnement, elle relève que dans son allocution sur l'état de la nation devant le Parlement réuni en congrès, le 14 novembre, le président de la République avait affirmé que l'industrie de l'électricité́ n'a pas connu de croissance significative depuis la mise en service de la centrale hydroélectrique d'Inga 2, il y a près de 40 ans.

La Corap rélève que le chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait confirmé l'existence d'une corrélation directe entre la consommation d'électricité́, la croissance du produit intérieur brut et la création des richesses. Elle indique, en outre, que le chef de l'Etat avait également admis, lors d'une interview exclusive accordée aux chaînes France 24 et Radio France internationale, le16 novembre, que le taux d'accès à l'électricité est passé de 9 à 20%, entre la période de son accession au pouvoir et la fin de son mandat.

Cette coalition a dit constater que les chiffres avancés ne reflètent nullement la réalité en République démocratique du Congo (RDC), qu'il soit en milieu urbain, rural ou périurbain. " Malheureusement à ce stade, il se pose deux problèmes majeurs dont celui en rapport avec la pauvreté énergétique criante qui contraste avec les potentialités du pays, d'une part. D'autre part, celui en rapport avec le manque des statistiques fiables dans le secteur de l'électricité", a-t-elle souligné.

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Elle a poursuivi que cela est justifié par le fait que chaque acteur qui intervient dans le secteur présente des chiffres souvent loin de la réalité qui entrent en totale contradiction avec la situation dans laquelle vit la population congolaise sur le terrain. Pour motiver ces allégations, la Corap a indiqué, en termes d'illustration, que le chef de l'État a parlé de 20% de taux d'accès à l'électricité. La Banque mondiale, elle, a avancé un taux de 20,8%, alors que dans la stratégie RDC pays solution présentée à la COP 27 et par bien d'autres acteurs, on parle de 14% d'accès à l'électricité.

Pour être réaliste, la Corap, en se fondant sur les données présentées dans le rapport annuel 2022 de l'Autorité de régulation du secteur de l'électricité (ARE), estime que le taux d'accès le plus réaliste ne dépasse pas 10%. Pour être précis, 6,67% est le taux d'accès à l'électricité présenté par l'ARE en RDC sur la période de 2022, coupe court la Corap.

Des questions et des pistes de solution

Dans ses analyses, la plateforme continue néanmoins à se poser certaines questions. Il s'agit de savoir les facteurs qui ont été pris en compte pour affirmer une amélioration de l'accès à l'électricité de 9 à 20%, alors que cela ne correspond pas à la situation réelle. La Corap se demande, en outre, pourquoi les différents acteurs, y compris la Banque mondiale, présentent chacun son taux d'accès à l'électricité et où est passé le ministère des Ressources hydrauliques et Electricité pour mettre de l'ordre. Dans cette optique, elle recommande de renforcer et d'harmoniser les méthodes de collecte et d'analyse des données multisectorielles dans le but d'arriver à obtenir des statistiques fiables et consensuelles pour le secteur.

Ce regroupement exhorte, par ailleurs, l'Etat congolais à mettre des moyens conséquents pour la création d'une banque de données pour le secteur de l'électricité. Il conseille également de réserver un budget conséquent pour le développement du secteur par la production de l'énergie électrique, pour faire face au besoin énergétique croissant des ménages et de l'industrie. La Corap et ses partenaires comptent mettre en place, dans les prochains jours, un cadre permettant aux experts multisectoriels de suivre de très près la situation d'accès à l'électricité pour tous dans le pays.

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