Cameroun: L'opposant Cabral Libii contesté par un des fondateurs de son parti, le PCRN

Facebook/ Maurice KAMTO officiel
Maurice Kamto, leader du MRC

À deux ans de la présidentielle au Cameroun, un caillou dans la chaussure de Cabral Libii. L'opposant et député prépare un congrès du parti qu'il dirige, le PCRN, pour le mois prochain à Kribi, avec en ligne de mire, les prochaines échéances : municipales, législatives et présidentielle, prévues en 2025. Aux dernières locales en 2020, son parti a remporté cinq sièges de députés, sept municipalités. Mais le fondateur historique du PCRN - le dénommé Robert Kona - dit vouloir à présent « récupérer son parti ». Et pour cela, il assigne en justice devant un tribunal de la région de l'Extrême-Nord, sept personnes dont Cabral Libii.

Robert Kona veut faire annuler le congrès de Guidiguis du 11 mai 2019, dans la région de l'Extrême-Nord, lors duquel Cabral Libii fut désigné président du PCRN, le Parti camerounais pour la réconciliation nationale.

À l'époque, Cabral Libii, déclaré troisième à la présidentielle de 2018 derrière le président Paul Biya et Maurice Kamto, ne parvient pas à faire légaliser son parti « Les Citoyens ». Et il ne peut plus compter sur le parti U.N.I.V.E.R.S de Prosper Nkou Mvondo. Cabral Libii est donc à la recherche d'une formation politique.

Robert Kona, lui, est un administrateur civil à la retraite. Cet ancien membre du parti unique camerounais, l'UNC (Union nationale camerounaise), devenu militant de la première heure du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) cofonde, notamment avec Albert Fleury Massardine le PCRN en 2001, puis parvient à le faire légaliser en 2003.

Mais le parti est en sommeil, sans réelle activité militante, aucun congrès ordinaire au parti, par exemple, n'a été organisé sous la présidence de Robert Kona. En 2019 donc, à Guidiguis, Robert Kona accepte de « laisser » la présidence de son parti à Cabral Libii et il en devient président national d'honneur.

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Aujourd'hui, Robert Kona accuse Cabral Libii de l'avoir délaissé. « On ne me consulte pas dans certaines décisions à prendre et surtout, nous ne nous appelons pas régulièrement, depuis décembre dernier, on ne s'est plus appelé. »

En décembre 2022, lors du congrès de Ngaoundere dans la région de l'Adamaoua, une commission ad hoc est créée par le PCRN. Elle est chargée de lancer un projet pour faire construire une maison aux pères fondateurs du parti, Albert Fleury Massardine et Robert Kona.

Stupéfaction

Pourquoi cette démarche de Robert Kona et pourquoi maintenant ? Dans un premier temps, Cabral Libii dit avoir ressenti « de la stupéfaction ». « Il n'y a rien qui laisse penser que le PCRN jusqu'ici est mal dirigé. Si on compare le PCRN que j'ai trouvé moi en mai 2019 qui n'avait pas de militants en dehors des pères fondateurs, entre ce PCRN là qui affiche maintenant cinq députés, 206 conseillers municipaux et 7 communes, mais c'est évident que le PCRN, en termes de performances, se porte mieux qu'avant ».

Le tribunal de première instance du département du Mayo-Kani, à Kaele, convoque Cabral Libii et six autres personnes le 4 janvier 2024 à 7h30.

Robert Kona déclare que s'il réussit à récupérer la présidence de son parti « par voie légale », il organisera un nouveau congrès pour que soit désigné président du PCRN « non pas qui veut, mais qui peut ». Il explique avoir informé plusieurs élites RDPC, le parti majoritaire, du Grand Nord, et plus particulièrement de l'Extrême-Nord de sa démarche en justice. Il évoque, notamment, le président de l'Assemblée nationale camerounaise et le président du Conseil économique et social. Robert Kona assure que, pour lui, son parti doit rester un parti d'opposition.

Devant cette action intentée en justice par son aîné, Cabral Libii, en pleins préparatifs du congrès de Kribi (dans la région du Sud, du 15 au 17 décembre) dit vouloir, à présent, garder son cap : « Nous sommes davantage préoccupés à achever le maillage et à préparer les dispositifs de surveillance du vote pour les élections qui s'en viennent à grand pas. Mon esprit n'a pas plus de temps à consacrer à des conjectures sur ce qui se cacherait derrière ci ou ça. Moi, je crois fondamentalement en Dieu et je crois que le temps nous révèlera ce qu'il y a derrière. »

L'actuel secrétaire général du PCRN, Boubakari Massardine, fils de l'autre fondateur du PCRN, Albert Fleury Massardine, voit dans la démarche en justice annoncée une volonté de casser la dynamique du parti à l'approche du congrès et des échéances électorales de 2025. Il assure que les échanges avec celui qu'il appelle « Papa Kona » sont réguliers et qu'il lui rendra visite bientôt.

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